Décembre-1932

Cahier n°32

1[er] décembre [1932]

Visite de M. de Peyerhimoff, pour le buste de l’ingénieur Wouters. Il paraît que ça commence à y être. Intéressant, M. de Peyerhimoff. Il parle sculpture et art en connaisseur. Il semble d’idées générales assez ouvertes. Il n’en est pas moins un de ces magnats de l’industrie lourde qui édifient leurs fortunes sur le massacre de la jeunesse.

Avec Ch[arles] Prince nous mettons au point le contrat. Mais son frère est une sorte de gangster. J’ai perdu mon temps. Lily avait raison.

Mauclair avec qui Lily téléphonait aujourd’hui, lui raconte que Denis fait campagne contre nous, faisant dire par ses amis que notre "radicalisme" est impossible à Rome, que le "pacifisme agissant" de Lily notamment ne fera pas de nous des "ambassadeurs" désirables auprès du fascisme!

Visite de Joffre. Mon Dieu! Comme ces élèves de J[ean] Boucher sont compliqués. Il ne leur apprend qu’à faire des discours prétentieux de primaires. Que ne me dit-il pas, le pauvre garçon, pour me prouver la qualité de son malheureux bas-relief de Pénélope. Il assure qu’il en fera quelque chose de remarquable dans la pierre. Je n’ai pas estimé devoir entrer en discussion avec ce garçon. Ce sont des éducations à reprendre depuis le commencement.

Visite du docteur Armaingaud, content de son Montaigne, mais pas content de son Barthou qu’il s’imagine lui en vouloir!

2 [décembre 1932]

Visite du vieil ami Pinchon, comme toujours pittoresque dans ses propos, content de tout ce que je lui ai montré. Quoique rien n’y soit changé dans ses lignes générales, la maquette du tombeau Foch est bien améliorée. Je peux passer à l’exécution définitive. Commencer par le gisant.

3 [décembre 1932]

Séance annuelle de l’Académie. La principale préoccupation en dessous était de savoir si finalement Denis posera sa candidature. Il la posera, certainement. Pour le moment il demande confidentiellement conseil aux uns et aux autres, joue l’embarrassé, gémit sur l’obligation où il est, c’est un devoir…

5 [décembre 1932]

Lettre du président du conseil municipal me demandant de le venir voir.

6 [décembre 1932]

— Je vous ai demandé de venir me voir, me dit M. de Fontenay lorsque notre ami Weiss m’eût introduit auprès de lui, parce que je voudrais savoir où vous en êtes du tombeau du maréchal Foch? Je sais bien, ajouta-t-il sur un mouvement assez étonné de moi, que cela ne nous concerne pas directement. Cependant la question intéresse Paris, l’opinion. La cérémonie doit être l’occasion d’une manifestation utile à émouvoir l’opinion, etc.

J’ai répondu ce que j’avais à répondre. Qu’un pareil monument ne se faisait pas en un an ou deux. Quand ce serait fini, que peu importerait qu’il ait été achevé quatre ou cinq ans[1] après la mort du maréchal, etc. Que le mieux serait, d’ailleurs, de venir[2] voir le travail chez moi, etc. Conversation des plus aimables d’ailleurs, au cours de laquelle il me dit qu’ils sont en train de négocier[3] le retour des cendres du roi de Rome à Paris pour les déposer auprès du tombeau de Napoléon; occasion d’une cérémonie utile pour l’opinion, toujours.

— Herriot, me dit-il, est d’accord…

Je doute que pareille cérémonie cependant puisse se faire.

8 [décembre 1932]

C’est samedi que sera votée la liste des candidats à présenter à de Monzie. Tournaire me dit que Denis lui avait fait demander s’il devait se présenter et qu’il le lui avait fortement déconseillé. Chabas de même. Il aurait dit à Tournaire que finalement il ne se présenterait pas.

10 [décembre 1932]

La commission de classement[4] a établi sa liste : 1. Sicard; 2. Landowski; 3. Devambez. Elle avait été un peu stupéfaite de recevoir une lettre arrivée le matin où Denis posait sa candidature "bien que, ajoutait-il, plusieurs de nos confrères me l’aient déconseillé", mais qu’il considérait comme de son devoir de le faire. Résultat : il n’eut pas une voix à la section. À la séance, il réunit environ sept à huit voix. C’est couru pour moi.

Le matin nous avions installé à l’atelier le buste de M. Coutan, par Octobre. Quel buste!

Après les votes, j’ai lu ma notice sur Allard qui m’a paru être très appréciée.

11 [décembre 1932]

Téléphone du président Bouisson.

— Je vous félicite, me dit-il, vous êtes nommé à Rome.

— Pas encore, mon cher Président. Je ne suis qu’en deuxième ligne. Mais je crois avoir une grande chance.

— Si, c’est fait. Je viens de téléphoner à de Monzie. Il m’a dit que c’était fait.

J’étais assez ému. Maintenant que c’est sûr, j’ai un mouvement de recul. L’énorme changement de vie, la désorganisation d’une vie agréable, l’abandon de notre maison, l’éloignement des enfants, de Ladis et Lily, de toute la famille, de tant d’amis, tout cela m’apparaît dans toute son ampleur. J’ai remercié le président avec effusion. Au fond je crois que c’est très bien. Il est certain que nous en serons bientôt très contents. Mais maintenant, brusquement, je ne le suis pas. Et quelle complication pour mes travaux!

13 décembre [1932]

12h :

— On appelle Monsieur au téléphone pour le journal Le Journal.

— Le Journal vous félicite. Le Conseil des ministres vient de vous nommer directeur de l’Académie de France à Rome. Pourriez-vous recevoir un de nos collaborateurs? Nous voudrions connaître vos intentions.

Réponse :

— Je suis fort surpris. Il n’y a eu qu’une liste de présentation. Le choix du ministre ne peut être encore fait.

— Si fait, Monsieur, c’est au compte-rendu officiel du Conseil de ce matin.

Je suis abasourdi. Cette fois, ça y est. C’était couru. Avant, j’y tenais beaucoup Maintenant, réellement, ça ne me fait aucun plaisir. Presque le contraire. Cependant je remercie Le Journal d’être le premier à m’annoncer la bonne nouvelle. Et puis les téléphones se succèdent. Puis les rédacteurs du Journal, Émile Condroyer, celui du Petit Journal, pneumatiques des uns et des autres, de Thiébault-Sisson qui me demande un article, auquel j’envoie une ligne : "Tout mon programme peut se résumer en un seul mot : travailler". Et c’est le tourbillon qui commence.

13 [décembre 1932]

Audience de de Monzie. C’est M. Souchiez qui me reçoit, celui qui avait annoncé que[5] :

— Ce ne sera pas Landowski qui ira à Rome. Ce sera Maurice Denis. C’est décidé.

Ultra-aimable. L’huissier, Souchiez, tout le monde m’appelle :

— Monsieur le Directeur.

De Monzie assis à son large bureau me regarde avec insistance s’efforçant de se donner les allures profondes de l’homme d’État. Il ne me dit en fait rien d’intéressant. Comment le pourrait-il? Il est hostile et à l'École des b[eau]x-arts et au prix de Rome. Il est avec les "avancés", Salon des Tuileries, rue de la Boétie, etc., là où l’on trafique. J’ai vu, dans son salon d’attente, deux grands dessins, deux nus féminins grandeur nature, soufflés, mal construits, qui en disent long sur les tendances et l’ignorance actuelles en haut lieu, dessins[6] de Maillol probablement, car ils ont la bêtise d’indication qui caractérise tout ce qu’il fait. Donc de Monzie ne me dit pas grand chose, si ce n’est qu’il est content de m’envoyer là-bas, ce qui n’est pas vrai, puisqu’il désirait y envoyer Denis. Il me parle de M. Bouisson en l’appelant Fernand, nous évoquons le temps où nous nous sommes connus à Rome. Il reproche à l’Académie de Rome d’être devenue une caserne de gardes municipaux et me donne carte blanche pour essayer de la changer.

— Vous avez carte blanche, vous avez carte blanche.

Et nous nous quittons sur ces mots caractéristiques de l’intérêt qu’il porte à la maison. Il s’en fout.

Lettres, pneumatiques, dépêches, téléphones… Je trouve quand même le moyen de travailler. Article très sympathique de Th[iébault-]Sisson dans Le Temps. Excellent au Petit Parisien, surtout Journal. Par contre, Boissy dans Comœdia qui avait pris en main la candidature Denis fait un article fielleux et furieux où transparaît toute la combinaison échafaudée autour de ce dernier.

15 [décembre 1932]

Vie suragitée. Le courrier continue à affluer. Nous avons bien reçu déjà un millier de lettres. Sauf Comœdia toute la presse, unanimement, est excellente. Je ne m’y attendais pas tant.

Visite de M. de Fontenay que le tombeau de Foch emballe et comprend qu'en effet ça ne peut pas s’exécuter en vitesse.

16 [décembre 1932]

Au déjeuner aujourd’hui, chez Mme Bour, M. Borel me félicite d’aller à Rome. Il me dit :

— J’en ai félicité de Monzie. Il m’a répondu : "Mais pourquoi ne m’avez-vous pas tous dit que vous vous intéressiez à Landowski?" C’est parce qu’il ne nous l’avait pas demandé.

À la réunion du Conseil d’administration de la Société Art et Industrie, à mon arrivée, le sénateur Chapsal prononça quelques paroles aimables à mon adresse qu’on a gentiment applaudies. Courrier. Courrier. Quel courrier!

17 [décembre 1932]

Je n’en continue pas moins à voir mes élèves, et nous avons eu à déjeuner les nouveaux prix de Rome avant leur départ pour la Villa. Ils sont tous sympathiques. Manquait le peintre, en train, parait-il, de se marier.

Or précisément, cette question se trouvait indirectement en cause aujourd’hui à l’Institut, où sur l’initiative de Pontremoli et Bigot la section d’architecture demandait que la limite d’âge soit reportée à 30 ans. Très remarquable intervention de Rabaud qui rappelle que ceux qui demandent si instamment le relèvement de la limite d’âge sont les mêmes qui, il y a quelques années en ont demandé et obtenu l’abaissement. Mais indifférents à toutes les objections, Pontremoli et Bigot ont défendu leur point de vue avec une singulière âpreté. On a d’abord voté la question de principe. L’Académie a maintenu la limite [d’âge à] 28 ans. Après quoi les architectes ont voulu qu’un vote ait lieu uniquement pour eux. Il s’en est suivi une discussion d’une extrême confusion. J’ai pris le parti de Rabaud. Finalement après que la discussion ait prit une allure extrêmement violente et un vote irrégulier, la séance a été suspendue. On s’est séparés dans l’agitation. J’ai ramené ensuite en auto P[aul] Léon et Pontremoli. Pontremoli insinuait à P[aul] Léon que l’attitude de Rabaud lui était dictée par le fait que son fils, à cause de son âge, était barré par des anciens de son atelier que la limite d’âge maintenue éliminerait automatiquement. Je suis ennuyé de ne pouvoir être à la séance de samedi prochain, à cause de la montagne.

18 [décembre 1932]

Visite d’un député, d[octeu]r Goujon, venant me demander des idées pour un projet d’agrandissement de la ville dont il est le maire (Villeurbanne). Il s’agit d’une place à décorer et il a entendu parler de mes fontaines de la porte de S[ain]t-Cloud[7]. Je lui ai montré aussi le Temple.

Octobre vient me demander de ce que je penserais de sa candidature à ma succession à l’École. Je lui ai dit que j’étais engagé avec Gaumont.

19 [décembre 1932]

Journée perdue. Matinée à [l’]article que m’a demandé la revue Beaux-Arts. Après-midi, réunion à l’École, puis le colonel Bentley Mott m’avait demandé de venir le voir à propos de l’affaire Prince. C’était pour me demander une réduction de 16 000 F sur notre contrat! Je l’ai accordée en souriant et en demandant la permission de raconter l’histoire.

20 [décembre 1932]

Toudouze vient me voir pour faire un grand article dans La Lecture pour tous. Déjeuner à l’hôtel Mirabeau, offert par Tournaire, pour fêter son grade nouveau dans la Légion d’honneur. Il me dit combien il est furieux de ce qui se passe à l’Institut pour la limite d’âge. Pareille mesure empêcherait plus que probablement de revenir sur la question mariage des pensionnaires, sur laquelle il faudrait absolument revenir. Pontremoli et Bigot ont mis ça en avant, se garant avec le bouclier de l’élévation du niveau des études, parce qu’ils ont l’un et l’autre des élèves ayant dépassé 28 ans. J’en parlais à un des professurs de l’École, P., qui me dit :

— Que voulez-vous, quand MM. Pontremoli et Bigot nous présentèrent cette pétition à signer, nous ne pouvions guère refuser. Bigot fait ça pour un de ses élèves qui s’appelle Courtois, Pontremoli pour deux autres dont l’un s’appelle Camelot[8].

Dommage que ces deux hommes de talent obéissent trop à des préoccupations uniquement personnelles.

À la Société de lecture, justement Pontremoli m’entreprend pour samedi, me recommandant bien d’être là. Je lui réponds d’abord que je n’y serai pas, ensuite que je ne voterais pas avec lui si j’y étais.

— Oh! alors partez vite en vacances.

Je regrette bien de partir, car ils sont capables, à force d’insister, de réussir. Pour moi, actuellement directeur à Rome, c’est important.

21 [décembre 1932]

Visite de Hautecœur, venant comme inspecteur pour voir l’avancement du tombeau Foch pour un acompte. Il me dit qu’au fond P[aul] Léon n’est pas fâché de ce qui lui est arrivé car, depuis longtemps, il désirait une chaire au Collège de France. Même pour ça, Mistler chercherait à lui jouer des tours. Il parait que celui-ci fait d’invraisemblables achats. Il vient d’obliger Hautecœur à accrocher sur les murs du Luxembourg deux toiles informes, l’une d’un peintre de Mulhouse, ami du père de Mistler, l’autre d’un gosse de l’Hérault, parce qu’il est le fils d’un électeur influent.

Je reçois ma lettre officielle de nomination à l’Académie de France à Rome.

Déjeuner du Dernier-Quart, où l’on me fête, où nous convenons d’un déjeuner du Dernier-Quart à Rome, sur la terrasse du Bosco.

Demain départ pour Villars-sur-Bex. Embêté de ne pas assister samedi à la séance de l’Académie.

24 [décembre 1932] Villars-sur-Bex

Promenade en corniche. Au-dessous de nous une mer de nuages, absolument immobile, noire grise et blanche. Elle semble maintenir sous son silence toute la plaine.

Ce qui n’est pas silencieux, par exemple, c’est ce livre de Céline, qui s’appelle Voyage au bout de la nuit. Vraiment remarquable, malgré la convention de la forme.

26 [décembre 1932 Villars-sur-Bex]

Repos. Méditation, sans même le besoin d’écrire. J’avais besoin de ce repos. Promenades de longueurs méthodiquement et sagement graduées avec ma chère Lily. Les enfants patinent et skient. Sommes montés à un endroit qui s’appelle Bretaye où l’on patinait sur un lac gelé. Extraordinaire spectacle, le glissement silencieux de ces gens presque tous habillés de blanc sur cette matière mystérieuse, d’un vert incertain, au milieu de la blancheur bleutée des monts. Quel bonheur avaient nos lointains ancètres de n’avoir l’explication de rien et de pouvoir croire, sans en douter, que d’innombrables dieux étaient partout. Ce qui ajoute à la féérie, c’est le silence.

27 [décembre 1932 Villars-sur-Bex]

Nous sortions avec les Propper, banquier. Un Monsieur Théry, journaliste financier, était là. Conversation, naturellement, sur la situation. E. Propper est un financier important. M. Th[éry] un journaliste important, et les écoutant prononcer tant de banalités, je ne m’étonnais pas du gâchis où nous sommes. Les deux individus rencontrés par hasard sont bien l’expression de la médiocrité égoïste des gens qui mènent le monde dans la coulisse. L’exceptionnelle situation les met à leur niveau.

28 [décembre 1932 Villars-sur-Bex]

Écrit à Ernest Charles à propos[9] d’un article paru à propos de ma nomination à Rome, très gentil personnellement pour moi, absurde pour Rome. Le remerciant pour moi, j’ai protesté pour l’institution[10] à laquelle il fait les reproches ordinaires que leur répétition[11] ne justifie pas plus pour cela. Je n’ai pas l’habitude de répondre à des articles de journaux. Je l’ai fait pour Ernest Charles parce que c’est un ami, un homme de valeur et une intelligence.

29 [décembre 1932 Villars-sur-Bex]

Nous avons été voir Romain Rolland. Auparavant à Genève où j’avais rendez-vous avec l’architecte Guyonnet, à propos du monument Thomas. C’est un drôle de type, tout jaune. Vu l’emplacement futur du m[onumen]t. Visite à M. Butler et au B. I. T. On a installé dans le vestibule deux bronzes magnifiques de Constantin Meunier. Je m’étonne que son influence ne se fasse presque plus sentir. C’est à tort. Un art aussi robuste, aussi sain, aussi humain ne pouvait fleurir dans notre société décadente où l’art n’est plus qu’un jeu et qu’un décor. Ces deux tragiques figures, quel puissant rappel à l’ordre (le Mineur agenouillé, le Puddleur assis) et ce ne sont, après tout, que deux ouvriers au repos.

Dans sa retraite de Villeneuve, Romain Rolland et sa sœur nous reçoivent de manière charmante. Cet homme, condamné depuis longtemps, à force de soins et par l’effet d’une vie régulière, a, heureusement pour tous, atteint en pleine force intellectuelle, un âge déjà avancé. Il a grande allure, dans sa vaste houppelande grise, drapé dans un grand châle gris. Sa tête, un peu maigre, vaut surtout par l’expression[12] des yeux. Il n’a pas besoin celui-là de se forcer comme le singulier de Monzie, à se donner[13] le regard pénétrant. Il est plaisant, en présence de cet être ascétique, d’évoquer ce gaillard puissant. Vers sa petite maison modeste, afflue chaque jour un courrier innombrable, de toutes les parties du monde. Y répondre fait partie de sa quotidienne besogne. Souvent, comme pour nous, sa solitude est interrompue par quelque visite de gens qui se dérangent de très loin pour le venir voir. Gandhi, lors de son voyage de retour aux Indes, vint chez lui passer quelques jours. Il y a en face de R.R. une pension anglaise. Lorsqu’arriva Gandhi éclata un immense charivari et on lui aubada le God save the Queen. Le lendemain d’ailleurs on vint s’excuser. De là, il alla s’embarquer à Naples après avoir reçu en Italie un enthousiaste accueil. Nous avons passé quelques heures intelligentes[14] comme on n’a plus le temps d’en passer dans la vie folle de Paris.

Nous sommes revenus par la nuit, grimpant de manière assez périlleuse la route en lacets de la montagne, les phares de notre voiture ne fonctionnant plus.

30 [décembre 1932 Villars-sur-Bex]

Il y a à notre hôtel un ménage italien avec deux enfants dont un jeune garçon d’environ huit ans ou dix, amusant spécimen de l’attitude brutale qu’on se plait à donner à la jeunesse. Le père avec lequel je cause un instant ne tarit pas d’éloges sur les transformations de Rome.

31 [décembre 1932 Villars-sur-Bex]

Arrivée du gentil Paul Léon. Il raconte ses adieux rue de Valois, son petit discours au personnel réuni, devant Bollaert et Mistler qui avait tenu à venir. Il s’amusa à opposer sa manière à celle du jeune fou :

— Il vaut mieux être aimé que craint, mieux vaut persuader qu’ordonner, etc.

H[enry] de Jouvenel irait en Italie avec une sorte de précise mission de réconciliation qui se ferait au détriment de la Yougoslavie…

 

Et l’année finit; encore une qui ne fut pas trop mauvaise. Elle porte ce gros point d’interrogation : Ai-je bien fait de prendre Rome?

 

 

[1]    . Suivi par : "seulement", raturé.

[2]    . Au lieu de : "en venant", raturé.

[3]    . Au lieu de :"d'organiser", raturé.

[4]    . Suivi par : "des candidats", raturé.

[5]    . Suivi par : "c'était décidé", raturé.

[6]    . Précédé par : "deux", raturé.

[7]    Sources de la Seine.

[8]    . Suivi par : "Ce ne sont ni l'un ni l'autre", raturé.

[9]    . Au lieu de : "pour le remercier", raturé.

[10]  . Suivi par : "lui reprochant", raturé.

[11]  . Suivi par : "n'ajoute pas plus de justification", raturé.

[12]  . Suivi par : "intense du regard", raturé.

[13]  . Au lieu de : "à prendre des", raturé.

[14]  . Au lieu de : "charmantes", raturé.