Novembre-1945

2 novembre

Visite à Jaujard pour la restauration des Fils de Caïn. Restauration du monument Chalmont[1]. Voir Rey, pour l'un, Danis pour l'autre. Monument Fauré : Voir Bizardel. À propos de la nouvelle commission d'épuration il me dit qu'il ne croit pas du tout que je serai convoqué, étant donné la clarté de ma position méritant le contraire d'un blâme. Cependant si on me convoquait, il me conseille de ne pas refuser de me rendre à la convocation.

 

3 novembre

Gérard[2] nous confirme, il le tient du rédacteur en chef de "l'Humanité", que de Lattre de Tassigny est inscrit au parti communiste. Le parti compte sur lui et son armée pour le coup d'État...

 

4 novembre dimanche

Martial vient me voir ce matin. Quand il apprend que Gaumont se présentera à l'Académie, il décide immédiatement de ne pas se présenter.

Après-midi et soirée mondaines. D'abord nous allons voir l'installation de Jacques[3] rue Pierre Guérin. Ils seront mieux qu'avec la combinaison Christelle. Martine[4] est heureuse comme tout d'avoir une petite chambre pour elle toute seule. Le petit Roland me montre des petits modelages en cire, d'animaux.

Nous allons à pied chez Beltram qui va vraiment mieux. Mais il est certainement touché. Il travaille beaucoup. Tout ce qu'il fait est presque très bien. Il manque à tous ses portraits un je ne sais quoi qui les empêche d'être tout à fait magistraux. Ou plutôt je sais quoi. Trop de hâte, trop de facilité, et surtout pour les corps, manque de construction. Mais il y a toujours de l'art.

Chez les Brébant. Je rencontre Ysay, très aimable. Il est nommé adjoint au Directeur général des Arts et des Lettres. Mais détaché auprès du ministre, plus spécialement pour les lettres et la musique. On parle naturellement chez Brébant du nouveau ministre. Mais, en fait, personne ne sait rien. Dîner chez Baudry. Il y avait Tondu et sa femme, Kaufman et Melle.Benoi[s]t d'Azy. Très gentille soirée dans la petite maison qu'il vient d'acheter à Auteuil (qui a déjà été cambriolée trois fois, lui y étant). Naturellement le sujet de conversation a été sur le désordre dans les Beaux-Arts, le manque définitif de toute doctrine, sur les jugements contradictoires et incohérents à l'École des Beaux-Arts, sur la dictature de Robert Rey etc… Il n'y a guère, en ce moment, qu'à être spectateur.

 

5 novembre

Toute la journée au Groupe du Père Lachaise[5]. Bien difficile l'accord de ces deux figures d'échelles différentes. Je crois que j'en sors. J'ai quitté l'atelier satisfait. Quelle sera l'impression demain matin?

 

 

6 novembre

Qui est en effet une historique journée. C'est la première séance de la Constituante. Mais le dimanche de son élection a été jour plus important encore.

Cependant à la même heure, réunis à l'Institut en Commission Administrative, nous apprenions l'impossibilité pour l'Institut de continuer à faire vivre et fonctionner plusieurs de nos Musées et de nos Fondations (Jacquemart André, Chaalis, Astor[ ?]). Le Groupe du Père Lachaise[6] vient. Pour faire sportivement, j'ai trouvé ma foulée.

 

7 novembre

Qu'est-ce que Dieu? C'est l'homme. Qu'est-ce que le diable? C'est l'homme. Pendant des siècles l'homme s'est efforcé, dans les arts, d'atteindre une perfection de plus en plus grande. Dans le mouvement ondulatoire des civilisations, cette perfection inlassablement poursuivie, a souvent fléchi. Il y a eu les décadences, il y a même eu des périodes d'oubli. Jamais cependant cet affaiblissement de l'art n'a été volontaire. Mais aujourd'hui positivement beaucoup d'artistes cherchent à faire volontairement mal, à oublier volontairement les "constantes", à faire le plus laid possible de propos délibéré. Les causes? L’absurdité de l'aboutissement de la civilisation mécanique. Quand finalement la plus extraordinaire découverte de la science est le moyen de détruire le monde, même le système solaire, on peut vraiment dire que l'homme c'est dieu et c'est le diable. Il n'est pas étonnant que les artistes s'orientent vers l'absurde, aussi l'incohérent, le destructif. Et après? Après? Eh bien la révolution consistera à rechercher la perfection.

 

8 novembre

Le journal Opéra, dans la page "Les Arts" publie un article sur la première correction de Gimond à l'École. C'est bien la première, l'unique fois jusqu'à ce jour, qu'un chef d'atelier amène dans l'École un journaliste pour se faire de la réclame. Et a-t-il auparavant avisé le Directeur? Tout le monde dit que Tournon s'en fiche complètement, accepte tout, laisse doucement glisser l'École. C'est plus Rey, l'ancien employé de Bernheim, que lui, qui s'y ébroue. Démolition plus raffinée. Naturellement notre tordu a péroré pour le journaliste. À peu près textuellement il a dit entre autres à ces petits débutants "Il faut sublimer la forme. Si vous avez envie de faire le torse plus longue que le modèle ou plus large, faites-le. Je ne peux pas vous apprendre des recettes, etc. Enfin tous les sophismes à la mode de Montparnasse au quartier de La Boétie. Quand on pense à la dignité de l'enseignement d'un Rude, d'un David, d'un Ingres et tout près de nous d'un Gustave Moreau, Falguière, Barrias, Lucien Simon. Quelle dégénérescence. Mais ces Maîtres-là, de vrais Maîtres, étaient nommés par leurs pairs (on appelle ça aujourd'hui cooptation) auxquels étaient adjointes des personnalités éminentes du monde des Lettres et des Arts. Actuellement Rey, de sa propre autorité, remplace à lui seul le Conseil Supérieur des Beaux Arts et nomme qui lui plaît avec quelque complices à sa dévotion Perret; Salles. Et je ne sais plus qui.

 

9 novembre

Visite à l'improviste de Dunoyer de Segonzac. Toujours aussi sympathique. Quelque peu préoccupé de la nouvelle commission d'épuration. Mais lui, comme moi, sauf le voyage en Allemagne au motif trop justiciable, a toujours eu une attitude trop nettement anti allemande pour qu'il ne s'en sorte pas. Il me raconte des tas d'histoires savoureuses sur les hommes à la mode. Entre autres : Fougeron, Pignon, etc. sont d'une cellule communiste. L'excès de leur arrivisme a provoqué une réaction. C'est ainsi qu'aucun des types de cette bande n'a été désigné par leurs camarades pour être de la commission d'épuration. Picasso aurait trafiqué avec les Allemands par l'intermédiaire de Fabiani et Pétridès. Mais comme il s'est inscrit au parti communiste on ne l'inquiète pas. Il aurait gagné 17 millions pendant la guerre. Matisse, c'est la même chose.

 

10 novembre

Très bonne semaine de travail occupé uniquement par la Porte[7] et le Groupe du Retour Eternel. Ce dernier prend l'allure qu'il fallait. La figure du Mort commence à avoir le sentiment de repos et d'abandon sans horreur. Et sentir la proportion des deux figures l'une par l'autre est heureux.

 

11 novembre

Visite de Gaumont, il est lui aussi navré de la glissade que fait l'École. Dans les ateliers, sans aucun respect pour leurs prédécesseurs, les jeunes gens démolissent toutes les esquisses conservées depuis tant et tant d'années. "Nous [ill.] autour de nos cinquante ans d'ignorance" disait l'un d'eux à Gaumont. Tournon laisse faire. Bien mieux. Dans l'ancien atelier d'Injalbert, c'est Janniot et Gimond qui ont pris l'initiative de faire enlever des murs tout ce qui y était conservé. Janniot a été nommé pour la correction des esquisses, parce que Gimond est incapable. À Gimond la correction des figures, pour quoi il est également incapable. Accepter d'être professeur dans ces conditions, quel manque de dignité. Devant les beaux traitements le (gobisme) s'efface, et l'on devient modeste. Les femmes envahissent les ateliers d'hommes. Leygue prend de son côté des hommes dans son atelier. Tournon laisse faire. C'est le secrétariat qui mène tout, et là, le mot d'ordre est "surtout pas d'histoire!".

 

12 novembre

Il paraît que Picasso, Matisse sont compromis dans l'affaire Fabiani. Mais ils sont tous deux inscrits au parti communiste : cela sauve Fabiani (Pétridès et autres) qui vient d'être mis en liberté provisoire.

Demain élection fort probable de de Gaulle, tout à la fois comme chef de l'État et comme Chef de Gouvernement. Je ne comprends rien aux subtilités des discussions entre les communistes et les socialistes. Car les deux partis pensent faire autrement que voter De Gaulle. L'origine de la discussion vient des communistes. Et probablement pour rien d'autre que pour amuser la galerie. Pour avoir l'air, vis-à-vis de leurs électeurs d'être des plus actifs. Absurde démagogie.

 

13 novembre

Comme il fallait s'y attendre l'unanimité s'est faite sur le nom de de Gaulle. Il triomphe absolument. On ne pouvait désirer meilleure solution. On peut maintenant espérer que les affaires de la France vont s'arranger. Jamais pouvoir ne fut aussi librement légitimé. Autorité à l'intérieur, dans le bon sens du terme. Autorité à l'extérieur. La France marque un point fameux. La France est un grand pays.

 

14 novembre

Deux pièces d'Oscar Wilde, dont je n'avais rien vu ni lu. C'est bien fait. Mais vraiment rien d'un talent extraordinaire. Je parle de la première pièce. Celle du marchand florentin. Salomé. L'actrice était trop vieille. Quand se persuadera-t-on que le théâtre est un art multiple où le spectacle joue son rôle comme le texte. Voir jouer le rôle d'une gamine de quatorze ans par une personne de plus de quarante, c'est une grosse erreur. Faire jouer un Jean-Baptiste par un beau jeune homme bien rasé, bien propre, c'en est une autre. Hérold seul, ayant aspect, âge du personnage, acteur excellent d'ailleurs, a porté. Quant à l'idée centrale de la pièce, peut-être est-elle juste. Elle devient fausse après la décapitation. Le vautrement de la fille sur la tête coupée est une impossibilité.

 

15 novembre

Voilà le général de Gaulle en présence immédiate de grosses difficultés. Tout comme sous la feue troisième, il s'agit de partage des portefeuilles. Du neuf et du raisonnable. Les communistes veulent au moins un des trois principaux postes de commande. Pour moi, l'erreur d'avoir aussi légèrement dissous la IIIe République s'avère de plus en plus. Les communistes, parti de dictature, mènent le jeu.

 

16 novembre

On prête au général le projet d'abandonner. On se trouverait alors, plus rapidement qu'après 89, dans la situation qui précéda le 18 Brumaire... Mais qui est capable de faire un 18 Brumaire? En somme, notre Bonaparte aujourd'hui, c'est de Gaulle. Il a autour de lui une bande d'hommes aussi désireux que ceux qui entouraient Bonaparte, de fixer une situation générale qui fixerait à chacun d'eux leur situation particulière. Personne même ceux qui lui font des croche-pieds, ne paraît avoir un intérêt profond à le trop dégoûter. Aucun d'eux n'a de véritable prestige. Chacun d'eux le sait un peu et se croit le seul capable de prendre le gouvernail. Mais chacun d'eux sait que ce gouvernail, il ne le garderait pas longtemps. Leclerc, qui a tout de même un prestige militaire supérieur à de Gaulle, on l'a expédié de l'autre côté du continent. Serait-il ici que, je crois bien, sa noblesse de caractère, l'arrêterait dans une aventure aujourd'hui, en tout cas, prématurée. Tout le monde en somme trouve prématuré tout ce qui ne sera pas un gouvernement de Gaulle. Il s'impose trop pour qu'un compromis ne soit pas trouvé. En somme, entre gens qui ne veulent pas céder simultanément sans avoir l'air, aucun, d'avoir cédé.

 

17 novembre

Nyota Inyoka dansait ce soir à Chaillot. Elle a fait une troupe. Tout n'était pas parfait. Mais lorsqu'elle a dansé, seule, elle a été aussi remarquable que toujours. Elle réussit certainement à évoquer les danseuses de Temples hindous aux époques de leurs splendeurs. Elle nous fait entrevoir, voir même, ce que cette civilisation tout à la fois magnifique et horrible devait être. Horrible, je pense à ces classes, les parias. Mais l'excuse valable pour l'Inde c’est la persuasion absolue, indiscutable et indiscutée que ces divisions étaient d'origine divine.

 

18 novembre

Note à Formigé pour le documenter avec toute précision désirable sur la nécessité de l'augmentation de mes crédits.

 

19 novembre

Je reçois la convocation à la quatrième commission d'épuration pour ce voyage en Allemagne. Quelle erreur ce fut! Moi qui pourtant souvent ai  des antennes, comment ai-je fini par accepter cette compromission, alors que tout m'y dégoûtait, les inviteurs et la plupart des invités, sauf Segonzac. Au fur et à mesure que passe le temps, toutes les raisons qui m'ont fait accepter s'estompent, il ne reste plus que le fait qui me paraît aussi imbécile qu'à ceux qui vont me demander des explications. Il m'est de plus en plus difficile de me remettre dans l'état d'esprit du moment. Je suis plus que jamais celui qui a conçu le Temple des Hommes. J'ai l'impression d'avoir surtout manqué à tous ceux-là que j'ai évoqué sur ces murs. Avant toute grande décision, avant toute entrevue difficile, je n'aurais jamais dû oublier d'aller méditer dans l'atelier du Héros. De mes quatre murs une voix unanime sans doute serait sortie "n'y va pas aurait-elle dit. On te fait des promesses qui ne seront pas tenues."

Mais la seconde petite frise des Malédictions vient très bien.

 

20 novembre

Dîner chez Mme Jean Bruhnes. J'y retrouve Maurice Garçon, l'avocat, Georges Lecomte, Mme Boas de Jouvenel qui arrive flanquée de deux journalistes de l'Amérique du Sud. Une visite à l'atelier est organisée.

 

21 novembre

Je prépare une note que je lirai demain à la commission devant laquelle je dois comparaître demain. Quelle scie! Mais c'est quand même bien ma faute. J'ai manqué d'antennes. Les hommes finalement, ne vous ont pas tant de reconnaissance, qu'on doive prendre de tels risques. Et pourtant... Et puis je n'imaginais pas les risques [ill.].

 

22 novembre

La séance s'est bien passée. La lecture, avec preuves de tout ce que nous avions fait ici, a fait évidemment bonne impression. Quand je leur ai dit qu'ils étaient la quatrième commission devant laquelle je passais, l'un d'eux m'a répondu en riant : "Cette fois, c'est la bonne." Quand ce fut fini, tous se sont levés pour me serrer la main avant ma sortie.

 

23 novembre

Très intéressante conférence, au Bureau d'Etudes françaises, par un Français, parlant le Russe, de retour d'un tout récent voyage en Russie à Leningrad, ce n'est pas gai. C'est un terrible capitalisme d'État, bien plus opprimant que le capitalisme libéral ou bourgeois. Régime anti égalitaire. En principe il n'y aurait rien à dire si les êtres moyens qui forment la majorité de l'humanité vivaient dans de bonnes conditions. Ce n'est pas du tout le cas. Il faut reconnaître que l'humanité n'est pas constituée d'êtres égaux, du point de vue intellectuel et sentimental. Les hommes ne sont égaux devant la nature qu’en tant qu'animaux. Ils ont tous les mêmes besoins essentiels. Tout le reste n'est qu'inégalité. La grandeur des hommes est de s'efforcer de compenser les inégalités foncières. La difficulté réside dans la mesure de cette compensation. Si, comme l'a exprimé Karl Marx, il faut un renversement total, et ramener au premier plan, unique plan, les besoins élémentaires, faire conduire les sociétés humaines par la classe la moins évoluée intellectuellement et celle pour laquelle ne comptent que les besoins élémentaires, c'est une erreur encore plus grave, irraisonnée, que le système qui s'effondre actuellement. Ce système nous a conduits à ce désastre. Cela suffit à le juger? Non. Car, ce qui a conduit au désastre, c'est l'abandon précisément de la poursuite d'une égalité indispensable. C'est l'abandon des grands principes généreux de la liberté. Nous subissons encore comme une terrible punition pour tous ces abandons. Un autre devoir trop négligé, c'est de n'avoir pas assuré, étant donné tous les moyens scientifiques actuels, plus de bien-être à cette humanité moyenne, travailleuse. C'est de lui faire supporter le poids principal des guerres. Thème facile à exploiter démagogiquement. Le communisme ne s'en fait pas faute. Mais dans toutes les campagnes, il se garde bien de rappeler le principal de son programme : la dictature du prolétariat. Hélas! C’est toute l'attraction (clandestine) sur leurs troupes.

 

24 novembre

Visite de Mme Boas de Jouvenel et de ses journalistes sud-américains. Hommes enthousiastes. Mme Boas de Jouvenel les lance sur le Temple. Mais comme toujours, avec son habituel manque de mesure et de tact. L'un d'eux, un uruguayen M. est venu, accompagné d'une femme extraordinairement jolie, Mme Tropmann, dont j'aimerais extraordinairement faire le buste.

 

25 novembre

Segonzac me téléphonait. Il m'affirmait savoir absolument que toute cette campagne contre le voyage en Allemagne venait du groupe cubiste du Salon d'Automne. Et, me disait-il, l'impossibilité de se défendre. Aucun journal n'ose imprimer une ligne de critique contre tout ce qui émane ou touche, de près ou de loin au Front National.

Au déjeuner, Mme. B[oas] de J[ouvenel] et Mme French et Villaréal, les deux journalistes américains. Mme. B[oas] de J[ouvenel] a continué à être terriblement maladroite, insistant outre mesure pour le Temple. Ce n'était pas du tout le moment.

 

28 novembre

Déjeuner avec Expert. Il me disait que dans les jurys, Pontremoli devenait de plus en plus insupportable, exaspérant tout le monde par sa vanité, son mépris des autres, son destructivisme. Quant à Tournon, il laisse l'École aller à vau-l'eau. C'est le désordre. Ça correspond assez à ce qu'on m'a dit pour les ateliers de sculpture.

Formigé m'envoie les copies de sa correspondance avec Bizardel, à propos de mon groupe du Père Lachaise[8]. Pas très courageux mon Formigé. Ce n'est qu'un fonctionnaire foireux. C'est lui qui m'a demandé une grosse modification dans les proportions du bas-relief. Il a le toupet d'écrire qu'il n'a apporté aucune modification en cours de route! Je ne discute pas. J'ai horreur de ces mesquineries. Mais, je note pour la petite histoire.

 

29 novembre

Comité d'expansion. Valse des millions (je ne peux pas arriver à obtenir une augmentation légitime de sept cent mille francs pour mon gros travail) et Laugier fait acheter pour deux millions cinq toiles à Matisse, puis deux autres millions cinq toiles à Picasso. On [ill.] même judicieux emploi en faveur de Bonnard. On dépense un million pour l'exposition Matisse-Picasso à Londres. Et l'on dit que la France va à la faillite? Il faudra qu'en une prochaine réunion je prenne note de tout ce qui est dit, c'est trop comique. Erlanger parlant de Jaujard et de R[9]. Salles dit : "nous avons des techniciens". Jaujard, à propos d'une exposition française en Suisse déclare "il est impossible de représenter l'art français sans marchands", etc.

30 novembre

Ladislas[10], tout à fait remis vient me voir avec Marie Bouglé et Germaine[11], la pauvre Mme Maurin, B[ill.]... et Mme Denis[12].

La nationalisation des banques est votée par l'Assemblée Constituante. De ces mesures, je ne sais que penser. Le public sera t-il moins exploité et volé? Je ne crois pas. Mais ça fait bien. Ce que l'on peut espérer de bien, c'est la fin de la domination occulte des grands banquiers. Ça c'est considérable.

Chataigneau me téléphone et me dit que ma déposition de jeudi a fait bon effet.

 


[1] Les Fantômes.

[2] Gérard Caillet.

[3] Jacques Chabannes.

[4] Martine et Roland Chabannes.

[5] Le Retour éternel.

[6] Le Retour éternel.

[7] Nouvelle Faculté de médecine.

[8] Le Retour éternel.

[9] Robert Salles ?

[10] Ladislas Landowski.

[11] Germaine Bouglé.

[12] Madame Maurice Denis.