Mai-1953

1er mai [1953]

Je bagarre pas mal avec le combat de la roussette géante et du cynhienne[1]. Je supprime le gorille qui enlevait de l'échelle.

Il paraît que c'est Bidault qui s'est formellement opposé à l'appel à l'ONU contre René Mayer, Auriol et Letourneau. L'aff[aire] d'Indochine coûterait 2 milliards par jour à la France.

2 mai [1953]

Maxime Leroy nous raconte comment Thiebault-Sisson est jadis entré au Temps. Il paraît qu'il apportait presque quotidiennement de la copie au journal. Le secrétaire général, sans les lire, les jetait régulièrement au panier. Il ne s'est pas découragé, a continué pendant plusieurs mois. Il a fini par réussir.

Il est fort agité, ce cher Maxime Leroy, par sa candidature à l'Académie des Sciences morales. Je lui parle de Paul Gautier. C'est un peu un genre Büsser. Il a d'ailleurs moins d'influence.

7 mai [1953]

Visite de la si sympathique S. Espérance Theureau. Elle me porte un exemplaire, plutôt les feuilles, d'un dictionnaire illustré pour enfants qu'elle fait pour la maison Larousse. Très intelligent. Elle aura plus de mille petits dessins aquarellés. Nous parlons du plafond de Braque au Louvre. Il a travaillé trois mois. C'est déjà trop pour ce que c'est. Il a été payé 4 000 000. Theureau le sait par un de ses amis des B[eau]x-A[rts]. C'est effarant, et si je compare avec ce que j'ai reçu pour la Porte à laquelle j'ai consacré plus de quatre ans de travail effectif. Elle me raconte une correction de Léger, car il a une académie. Pour ajouter du piment à son enseignement, il fait poser ensemble, nus, un homme et une femme. Ça donne de drôles d'incidents, femmes piquant des crises d'hystérie, etc. Léger ne donne rien comme conseil, sauf de vieux poncifs, fait des discours d'ordre supérieur. Il est assis; on lui fait défiler dessins et études. Il dit :

— Ça manque de…, il faudrait un peu plus de… là… dans ce corps… le reste, ça va…

Quand il a fini son discours, un élève traduit en anglais pour les élèves anglais, les observations du maître. Il y a beaucoup d'étrangers. Ensuite un chinois traduit en chinois, etc., suivant les nationalités qui sont au moment représentées. Léger est un grand gaillard, d'aspect puissant et très vulgaire, l'air d'un toucheur de bœufs.

8 mai [1953]

Docteur Gardinier téléphone. Jacques Meyer a rendu visite au président de la commission du ministère de l'Intérieur. Ce dernier me fait conseiller d'inviter Niclausse et Robert Rey à venir voir ma maquette[2]. L'impression de J[acques] Meyer, de ses premiers contacts, est très bonne. Cornu et Jaujard font savoir qu'avant le 15 mai, ils fixeront le jour de leur visite à l'atelier. Gardinier et J[acques] Meyer me conseillent d'attendre cette visite avant de faire mouler.

11 mai [1953]

Walter, l'architecte de la Faculté (?)[3] qui a été introduit dans cette affaire par Sarraut mais qui n'y a jamais travaillé, vient me voir. Il ne connaissait ou semblait ne rien connaître du projet. Si ce que Madeline m'a dit de son rôle dans les difficultés qu'il a eues pour aboutir, c'est un fameux jésuite. En tout cas, il m'a paru très intéressé, quelque peu surpris de ce qu'il voyait. Il me parle des bourses qu'il a créées avec sa société des Mines de plomb, pour les étudiants. Il paraît que les élèves de l'École se sont conduits stupidement. Aussi les B[eau]x-A[rts] n'en profitent plus. Les rapports qu'on leur demande étaient souvent rédigés de la manière suivante : "Ma petite amie, avec un si petit budget, n'a même pas réussi à se payer un rouge à lèvres décent" ou bien : " Les bazars du Maroc sont sans intérêt. Ce qu'on y fait n'est pas rentable…", etc.

Le Cercle Volney s'efforce de reprendre vie. Son président actuel, Brugère, ancien ambassadeur en Belgique, fils du général je crois, avait invité A[ndré] Marie à inaugurer l'exposition qui ouvrira demain : Brugère, un petit monsieur, très quelconque, comme tous les petits messieurs maigriots et imberbes, a donc reçu le ministre. Il s'agissait plus pour lui de lui montrer le Cercle que l'exposition. Il ne lui a fait grâce de rien, pas même des quelques vieux messieurs qui faisaient leur partie de bridge ou de manille. Bien ridicule. En haut de l'escalier, jadis somptueux mais dont un tapis fatigué souligne la désuétude, attendaient des exposants. Pauvres exposants. Et pauvres tableaux en général. C'est le côté faible des cercles, c'est que tout le monde peut y exposer. Mais Sandoz, le cher Sandoz, si chic Sandoz, y montre de beaux morceaux. C'est un type étonnamment doué. Il prouve que contrairement à ce qu'on affirme stupidement, le piston n'empêche aucunement un artiste authentique de se manifester. La commande nécessaire et opprimante nuit autrement que la fortune. Quels idiots.

Ma pauvre Lily[4] a de nouveau été malade cette nuit.

12 mai [1953]

Lily mieux.

Marcel[5] verra peut-être jouer son Fou cet hiver. C'est le nom qu'il donne finalement à son Peter Bell. C'est parfait. Cette pièce pourrait être pour lui un succès immense. Dans son genre, elle est aussi audacieuse que Nils. Il s'attaque au problème double de la connaissance du monde et des inventions pour lesquelles on utilise des forces inouïes et dont on ne connaît pas la nature. Mais ne nous servons-nous pas nous-mêmes de nous-mêmes dont nous ne connaissons pas la nature? Le thème : un savant de réputation universelle est assiégé dans sa ville réduite à la dernière extrémité. Il a dirigé la défense avec un dévouement et un courage illimités. Il a inventé une arme d'une puissance irrésistible. En accord avec son prince et le chef de la cité, il a construit la partie matérielle de cette arme. Brusquement il s'arrête. Il a réalisé l'énormité meurtrière de son invention. Il ne se reconnaît brusquement pas le droit d'aller jusqu'aux conséquences effroyables de sa découverte, découverte qui n'est que celle de possibilités dont, au fond, il ne connaît rien des vraies causes. Cependant qu'il hésite, avance, recule, l'ennemi resserre de plus en plus son étreinte. Le peuple le supplie de donner son secret. Son prince le supplie, le menace. Aussi le chef de la Ville. Sa femme elle-même semble le renier. Elle ne le comprend plus. Lui est en prise à la plus terrible des luttes intérieures. Il a des hallucinations. Il se voit sous les espèces d'un monstre grimaçant, dansant. Le bruit se répand qu'il est fou. Le bruit court que, la nuit, l'ennemi va donner l'assaut final. Le Prince lui envoie sa femme pour que son amour ait raison de son refus dramatique. Il y a une scène presque diabolique dans son laboratoire où elle cherche à s'emparer des papiers où sont les calculs et les dessins de l'invention salvatrice. Peter s'en aperçoit et détruit tout. Ca se sait. Le ministre le fait arrêter. On le juge devant le peuple. On le condamne à être brûlé. Alors qu'on va le livrer au bourreau, le bruit se répand que l'ennemi, pris de peur, averti de l'invention de Peter, ignorant son attitude, lève précipitamment le siège. Alors le peuple crie grâce. Peter demande à être exécuté. Il est une force mauvaise. Il ne peut rien être parmi son peuple. Le Prince est prêt à gracier. Mais la raison d'État, en l'espèce le ministre, le fait arrêter et jeter à tout jamais en prison.

La vie quotidienne : grève surprise des transports ce matin.

13 mai [1953]

On déclare ouverte la candidature David-Weill. Domergue lance la candidature Ollivier qui est le ministre du prince de Monaco. Idée fort intelligente, contre laquelle Boschot et malheureusement Paul Léon s'élèvent. Ollivier, comme membre correspondant.

18 mai [1953]

On parle d'une candidature d'A[lbert] Sarraut à la succession David-Weill. Je lui téléphone. En effet. Il serait enchanté d'être élu membre libre. J'écris à Bollaert qui, voici longtemps, était venu me voir et m'avait dit que si Sarraut se présentait, lui ne se représenterait pas. Je lui écris pour lui conseiller de ne pas se représenter.

Téléphone de l'ambassade d'Égypte. Ils n'ont pas de nouvelles. Ils nous demandent de patienter. Nous ne pouvons rien faire d'autre.

À l'invitation que j'avais faite à R[obert] Rey, sur l'avis de Jacques Meyer et du Dr Gardinier, de venir à l'atelier, il me répond un mot aimable m'annonçant sa visite pour le 25. Gardinier a vu Niclausse. Il doit voir aussi un certain M. Legros, Inspecteur des Finances, contrôleur des dépenses engagées à Air France et qui a, parait-il, de l'importance, beaucoup d'importance dans la fameuse commission des incompétences du ministère de l'Intérieur. C'est Gardinier qui me met au courant de tout cela par téléphone. Il parait que J[aques] Meyer a écrit une lettre comminatoire (pourquoi comminatoire ?) à Cornu, lui donnant jusqu'au 25 pour lui fixer la date de sa visite. P[aul] Léon me téléphone à propos de l'élection. L'attitude de Bollaert le dégoûte, me dit-il.

19 mai [1953]

Cornu fait téléphoner qu'il viendra le 15 juin à 15 heures.

Rendez-vous à la société des Gens de lettres avec Paul Vialard, son président, et le chef de cabinet du préfet de police, ami des Gregh, appelé Raoul. On parle de l'épée, puisque c'était le but du rendez-vous. Je leur dis qu'il faut au moins 250 000 F. Ces deux messieurs ont l'air de penser qu'ils trouveront la somme facilement.

Réponse de Bollaert à ma lettre. On croirait une candidature politique. Il me dit qu'après avoir consulté ses amis, il maintient sa candidature.

20 mai [1953]

Lecture des lettres de candidature au fauteuil de David-Weill : Javal, Bollaert, Lyon (inconnu par moi), Blanchelot (un imprimeur qui juge indispensable qu'un typographe soit à l'Ac[adémie] des B[eau]x-Arts), Bagge, Albert Sarraut.

Je suis passé au Louvre voir le plafond de Braque. C'est vraiment invraisemblable. Même la photographie publiée dans le Figaro ne donnait pas idée de la bêtise et de la prétention de ce qu'on a osé accrocher à ce plafond. Trois panneaux. Tous les trois recouverts d'un même bleu de Prusse. Sur ces fonds, des silhouettes enfantines d'oiseaux énormes, uniformément noir d'ivoire. Ces silhouettes cernées d'un lourd trait blanc de céruse. Les deux ouvrages importants commandés aux artistes que la presse et les fonctionnaires déclarent les plus grands de notre époque, la décoration de Léger à l'ONU, celle de Braque au Louvre, montrent que l'on a touché le fond de l'impasse. Cette insanité de Braque à quelques cinquante mètres de la galerie d'Apollon! Quel sacrilège. D'ailleurs, même la presse "engagée" n'a pas osé en parler beaucoup. Ce sont de gros échecs. Seront-ils suffisants pour qu'on comprenne?

21 mai [1953]

C'était le vernissage du Salon. Vincent Auriol, on le comprend, retenu par la crise politique, n'est pas venu. Jaujard venu l'attendre, s'est retiré. Expert, l'architecte, directeur des B[eau]x-A[rts] de la Ville de Paris a inauguré. Avant de partir Jaujard me dit qu'aussitôt que mon esquisse sera moulée, il viendra à l'atelier avec le ministre.

Au Salon, pas grand chose d'intéressant. C'est en général sain, mais médiocre. Tandis que les autres, c'est aussi médiocre mais malsain, souvent. Tout bas, au fond de soi, on comprend que la médiocrité saine ennuie plus que l'autre. Il y a une très intéressante rétrospective du sculpteur breton Beaufils[6]. Il avait beaucoup de talent. Il y a d'ailleurs beaucoup de talent partout dans ce Grand Palais.

Nous déjeunons chez Jacques Richet. Il y avait Breguet. Il parait, me dit Jacques Richet, qu'on lui fait, à Breguet, beaucoup d'ennuis dans son affaire Air France. Comme partout, il s'agit d'éliminer les fondateurs. Jacques Richet disait que depuis plus de vingt ans les conservateurs des musées nordiques achètent des Braque et encore des Braque.

Il parait (toujours J[acques] Richet dixit) qu'on va inéluctablement à la dévaluation.

Au vernissage, ce matin, Formigé me dit que Bollaert va retirer sa candidature.

22 mai [1953]

Charmant déjeuner chez Doyen, invités par les Sandoz. Convives : Maret[7] et sa femme, Many Beyer[?] et Mme, Formigé et Mme et enfin le ménage Villa, amusant dessinateur. Rien de sensationnel ne s'est dit, sauf que c'est 10 000 000 qu'aurait été payée à Braque son histoire de plafond du Louvre! Je ne peux pas le croire.

Le ministère René Mayer est renversé. Toute chute ministérielle aujourd'hui est catastrophique. Cette situation est le résultat de la constitution absurde dont au fond le général de Gaulle est responsable.

23 mai [1953]

À déjeuner, Jacques et les enfants[8]. Jacques connaît ce contrôleur Legros. C'est le président de l'Association des déportés et morts en captivité.

Très bonne journée de travail. Malheureusement le dernier bas-relief[9], celui de l'Homme, n'est pas terminé. Cette plastiline est d'une technique impossible. Elle se lie mal. Dans les jours frisants, on a de mauvaises surprises. Quant à la grande maquette du Trocadéro[10], elle va. Bien arrangé les deux figures du fond, l'officier d'artillerie et le marin. La difficulté d'un monument de ce genre, c'est à la fois d'évoquer les différentes armes et de ne pas tomber dans l'illustration et l'anecdote.

Fin de journée chez mon pauvre Ladis[11]. Comme il a changé moralement. Atmosphère d'hypocrisie et de sophisme.

24 mai [1953]

Visite d'une femme sculpteur américaine. Elle a là-bas de grands travaux et une grosse réputation. Elle exécute en France un monument funéraire énorme, à Épinal. Quelle sculpture! Comme Victor Hugo, écoutant une médiocrité théâtrale sous voltairienne s'écriait : Mieux vaut l'art pour l'art, j'ai presque envie de crier : mieux vaut le surréalisme.

25 mai [1953]

Visite de Robert Rey. Bonne visite. À propos de mon Shakespeare assis, il me dit continuer à préférer celui debout, l'auteur lisant sa pièce à ses acteurs. Il me dit que Shakespeare n'est pas un concentré. Il extériorisa. Dans tous les domaines. Lear ou les fééries ou les drames historiques. C'est le mouvement. Oui, sans doute. Mais la sculpture compte. L'esquisse debout ne fera pas penser à Shakespeare si le nom n'est pas écrit dessous, sur le socle. Celui que j'ai évoqué assis, c'est Shakespeare, ce sphinx du théâtre. Surtout que je sais comment le compléter. Je vais affirmer le côté Prospéro puisque je ne suis admirateur éperdu de la Tempête. Je vais affirmer ce Prospero perdu sur une île en mer. Il y aura des mouvements de vagues dans lesquels apparaîtront les figures essentielles de ces créations — Lear — Hamlet — Macbeth —

Othello — Ariel et Caliban — Titania et les pièces sorties de Plutarque, Jules CésarCoriolan et les pièces sorties de l'histoire, les Henri[12]. Ce sera comme des apparitions sorties des vagues.

Il revoit Michel-Ange. Il me dit l'aimer et poussera à son achat. Pour le monument de l'Armée française, il n'aime pas ce genre de monument. Il a raison. Il faut quand même les bien faire et éviter l'écueil difficile de l'anecdote. Je l'ai bien évité dans les Fantômes. Il me dit :

— Mais je ne vous combattrai pas, croyez-le.

26 mai [1953]

Paul Reynaud accepte de demander l'investiture. Cette acceptation m'étonne. Il ne l'obtiendra sûrement pas.

27 mai [1953]

À l'Institut, classement des candidats. Sarraut arrive en tête. C'est très bien. Mais un nommé Robert Guilloux, un écrivain taré, qui a frisé la correctionnelle pour de graves irrégularités dans un dispensaire qu'il avait dirigé, est classé en 2ème ligne avec 12 voix! Après c'est un nommé Lyon, un banquier inconnu jusqu'à ce jour. Après le typographe. Et il n'est pas classé Javal. Le pauvre Javal qui s'entête. Je suis désolé. Lui infliger cet affront était bien inutile.

Paul Reynaud, comme prévu, n'a pas obtenu l'investiture. Il avait eu la singulière idée de proposer la dissolution automatique de l'Assemblée législative en cas de renversement du gouvernement dans un certain délai.

28 mai [1953]

Vincent Auriol fait appel à Mendès-France. C'est un homme fort intelligent. Il a épousé une des plus charmantes femmes qui soit. Une petite égyptienne, amie de ma Nadine[13], au lycée Molière et à l'Académie Julian. Il me semble me rappeler que Mendès-France a, en certaines occasions, montré de la netteté et de la fidélité à ses opinions.

29 mai [1953]

Mon travail me préoccupe tellement que j'en ai oublié d'aller au Salon pour la visite de Vincent Auriol. C'est le rafistolage de l'enfant dans le motif : Mystère de la vie[14].

Mendès-France accepte de demander l'investiture. On annonce monts et merveilles et du nouveau et de la poigne…

30 mai [1953]

Dans la Revue d'Esthétique (fascicule I de la IV année) un article intitulé "L'art pour l'art". L'origine du mot, début du XIX° dans la correspondance de Benjamin Constant. La doctrine non fondée sur la vérité a abouti aux deux extrêmes moins contradictoires qu'il ne semble : l'imitation de l'antique et l'art abstrait. Tout à la fois l'étude du classique et la négation des études classiques ou autres. Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit dans cet article. Car les écrivains n'étant pas techniciens parlent toujours à côté de la question.

30 mai [1953]

Réception de Paul Léon. Je n'aime pas ce système de réception où on invite dans un "trois pièces" cinq à six cent personnes qui s'agglutinent autour d'un buffet, tandis que d'autres s'étagent dans les escaliers, soufflant, et que l'ascenseur péniblement en monte par fragments. Naturellement tout Paris était là. Après Paul Léon, nous avons filé chez les Tournon, à l'autre bout, b[oulevar]d Raspail. Beaucoup d'architectes bien sûr. Aussi une table à petits fours.

Nous avions eu à déjeuner Villa-Lobos et sa femme, Tournon seul, (Mme Tournon étant occupée par la préparation de sa réception), les Formigé et J[ean]-G[abriel] Domergue. Villa-Lobos me reparle du voyage au Brésil. Sans doute! Mais ne suis-je pas trop vieux?

31 mai [1953]

Laprade, hier, racontait une conversation eue avec Le Corbusier :

— Moi, dit Le Corbusier, je fais des expériences. Mes clients n'ont le droit de rien me reprocher. Ils n'ont pas à s'étonner si des choses clochent. Ainsi, j'ai bâti une fois une maison sur un terrain qu'envahissaient les eaux. Elles ont provoqué des fentes dans ma maison que j'avais prévue avec possibilité de flotter. Les fentes je ne les avais pas prévues. J'ai obturé les fentes avec des tôles, laissant la possibilité de flotter, ce qui amusait les gens du voisinage!

Je me rappelle de la rencontre hier de Georges Salles arrivant dans sa voiture chez Paul Léon. Tête d'oiseau aquatique carnassier, pas ceux de grand vol, mais ceux à longues pattes qui cherchent la nourriture dans les étangs fangeux.

 


[1] Nouvelle Faculté de médecine.

[2] A la Gloire des armées françaises.

[3] Jean Walter.

[4] Amélie Landowski.

[5] Marcel Landowski.

[6] Armel-Beaufils.

[7] Marret ?

[8] Jacques, Martine et Roland Chabannes.

[9] Nouvelle Faculté de médecine.

[10] A la Gloire des armées françaises.

[11] Ladislas Landowski.

[12] Rois d’Angleterre.

[13] Nadine Landowski.

[14] Nouvelle Faculté de médecine.