Cahier n°22
1 décembre [1926]
Un peu ennuyé d'être sans nouvelle de la petite Madame Blumenthal. Est-ce raison de santé? Est-ce qu'elle s'est énervée à cause du défaut de son pied en marbre! Ah! La sagesse de l'imprimeur Plantin : "n'avoir pas besoin des grands." Pourquoi suis-je dans le cas d'en avoir besoin?
Bon travail au groupe Rosengart[1], la femme agenouillée. Et dans l'après-midi, au cavalier français, avec le gentil Pinchon, si dévoué, qui vient poser.
2 [décembre 1926]
Je commece à sortir de mon esquisse pour le monument de Fauré. Mais j'ai quitté le travail de bonne heure pour aller à S[ain]t-Quentin avec Bigot et Bouchard. Ce monument fera bien, très bien. Mon premier bas-relief, celui des femmes fuyant, n'est malheureusement pas aussi bien que l'autre. Au printemps, je le corrigerai sur place et lui donnerai les vigueurs qui lui manquent. Je craignais l'ensemble de ce monument tout en granit noir. Ça fera grand effet. Il ne faudrait même pas craindre de le traiter de manière à ce qu'il soit le plus noir possible.
3 [décembre 1926]
Esquisse Fauré. Je n'y suis pas encore. Les deux figures ronde-bosse au pied du socle du buste, sont en définitives banales. L'art de Fauré n'est pas ronde-bosse, si semblable comparaison convient à la musique. Tout autour du buste, tout doit être traité en bas-relief. J'en viens donc à orner les piedestals des colonettes de figures. Mais elles sont là bien sacrifiées.
4 [décembre 1926]
Ma première séance officielle à l'Académie des B[eau]x-A[rts]. Mon costume fait sensation! Il est trop noir. Seul, je le trouverai très bien. Au milieu des autres, il est trop sévère! Mais je me suis bien amusé. Des femmes critiquant la robe d'une de leurs compagnes n'eussent pas été plus excitées que tous ces vieux messieurs autour de moi.
5 [décembre 1926]
Benjamin m'a raconté l'histoire vraie des ventes fameuses qui avaient fait sensation ces temps derniers, la Bohémienne de Rousseau vendue 500 000 F, les Rouault vendus 300, 400 000 F! Or à la suite de la publication de ces chiffres, les héritiers de Rousseau, justement alléchés, s'en vinrent au bureau du Syndicat de la Propriété artistique pour réclamer leur "droit de suite". Le Syndicat aussitôt s'adressa au commissaire-priseur. D'après les calculs, étant [donné] le chiffre de plusieurs millions annoncés, on s'attendait à recevoir environ 60 000 F. Parvient un chèque de 10 000 F. Protestations. Demande d'explications.
— C'est que la vente n'a pas atteint un chiffre pareil, avoue-t-on. Á peine 300 000 F.
— Comment! Á peine 300 000 F! Mais le Rousseau seul a fait 500 000.
— Mais non, le Rousseau n'a même pas été vendu. Le Rousseau, comme les Rouault, comme d'autres toiles, avait été acheté précédemment directement à la succession de (je ne me souviens plus du nom du collectionneur). Á la vente, espérant les faire monter beaucoup, Bing les a fait pousser par des gens à lui, et comme il n'y eut pas d'enchères suffisantes, il a retiré purement son tableau de la vente après son enchère personnelle de 500 000. La preuve en est que le commissaire-priseur n'a touché aucune commission, ni l'État aucun droit. Pour les Rouault, c'est la même chose.
Tandis que se poursuivait cette discussion, le Syndicat envoyait quelqu'un marchander chez Bing des dessins de Rouault.
— Trois cent mille francs.
— Ah! C'est horriblement cher.
— Mais non, lui répond-on. Voyez nos livres. Ce dessin a fait 275 000 F à la vente.
Et voilà comment se fabriquent des ventes fictives. Benjamin[2] conseille vivement au Syndicat d'exiger le droit de suite entré sur les chiffres annoncés officiellement et d'aller jusqu'au procès, pour crever enfin l'abcès.
6 [décembre 1926]
M. Appert était un peu malade aujourd'hui. Le buste est presque terminé. L'esquisse Fauré ne me donne pas encore satisfaction. L'architecture est trop importante.
Visite de Mademoiselle Rolland. Il paraît que Cruppi, avec son hypocrisie habituelle, lui aurait écrit en lui annonçant son mariage : "Je suis sûr que vous me comprenez." R[omain] Rolland lui a répondu : "Je vous souhaite d'être heureux, mais je ne vous comprends pas." Et maintenant, évidemment, il doit recommencer à dire pis que pendre de R[omain] Rolland. Son nouveau drame, Pâques fleuris, vient de paraître. Je vais l'acheter. Lily a pu causer longtemps avec Mlle Rolland et lui a raconté la triste histoire.
8 [décembre 1926]
Très bien arrangé le dos du monument d'Alger. Quand je pense aux critiques puériles et aux conseils de ce serin de Bigonet!
Dîner chez Miss Getty, malheureusement seul. La pauvre Lily a la migraine. Retrouvé avec plaisir les Bouwens, pas vu depuis fort longtemps. Leur fille mariée, méconnaissable. Elle a l'air d'une danseuse du ventre, fort jolie. Elle vit la plupart du temps à la campagne. Mais il y avait une jeune fille qui vient de passer un an et demi aux Indes et qui m'a paru en avoir rapporté des observations très intelligentes et très personnelles. Elle a vu Gandhi :
— C'est une flamme, dit-elle, que cet homme! Il est laid. Il est petit. Mais on le sent d'une incroyable pureté.
Elle a vu Tagore. La famille Tagore est très nombreuse. Ils vivent tous ensemble, avec leurs serviteurs dans une immense maison. Tagore a deux frères peintres, dont l'un fait des miniatures traditionnelles indoues et l'autre du cubisme, comme au Salon d'automne!
Gronkowski me raconte les histoires invraisemblables de Mme Lapauze. Si elles n'étaient vraies, il n'oserait pas, me semble-t-il, les raconter. Á propos du Toulouse-Lautrec disparu des collections du Petit Palais, c'est sur ordre du ministère de l'Intérieur d'étouffer l'affaire que Mme Lapauze ne fut pas arrêtée (elle est la maîtresse du chef du cabinet d'A[lbert] Sarraut). Sir J[oseph] Duveen pris sur lui de faire rapporter le tableau (il est également au mieux avec la jeune personne). Après la mort de Lapauze, elle invitait la nuit certains hommes politiques et des femmes [3]; Des tableaux vivants étaient le prétexte à déshabillages et à des scènes intimes que la photographie au magnesium fixait soudain. Elle possède ainsi une collection précieuse dont la divulgation gênerait fort maintes puissants personnages dont elle est sûre dorénavant de la haute protection. Pour le moment, on l'a priée de s'éloigner, et elle est en Amérique où elle doit préparer son commerce. Duveen et A. Seligman lui ont en effet acheté une boutique de tableaux modernes.
Gronkowski me raconte aussi l'histoire de son mariage, du contrat où Lapauze, fondateur de la Renaissance n'apportait qu'un nombre infime d'actions tandis qu'elle en apportait un énorme paquet! D'un récent séjour à Venise, où les voisins de chambre l'entendaient procéder énergiquement et à grandes pamoisons au vidage consciencieux du malheureux Lapauze. Durant sa maladie, elle écrivit à sa fille, à Rome, que son père allait de mieux en mieux, alors qu'il mourait. C'est un genre Suzanne Saillard. Mais la Saillard est plus dangeureuse, parce qu'elle est plus hypocrite. Á seize ans, la Lapauze faisait le trottoir, m'a dit Gronkowski, dans je ne sais plus quelle ville du midi, d'où elle fut à Nice où elle se maria avec un vague parfumeur qui mourut vite. C'est à Nice que Lapauze la rencontre dans les boites de nuit, d'où il la sortit pour en faire sa maîtresse-secrétaire. La Saillard c'est autre chose : à seize ans elle vivait au milieu des protêts, des poursuites judiciaires, des faillites. Pour elle, la vie, n'est rien d'autre qu'une affaire véreuse.
Hurrisson, le peintre anglais était aussi à ce dîner. Il revient d'Italie et me dit que le régime là-bas est devenu intolérable.
Cette jeune fille retour des Indes raconte aussi que dans certains endroits les singes pullulent et sont d'une invraisemblable familiarité. Dans certaines gares, quand les trains s'arrêtent, ils se précipitent, entrent dans les compartiments, vous enlèvent vos bagages!
10 [décembre 1926]
Au dîner Rome-Athènes. Rien de saillant, si ce n'est les réapparitions du père Bigot et de Bouchard, candidats futurs à l'Institut. Je fais la connaissance de Victor Bérard, le commantateur de l'Odyssée. Avons quitté de bonne heure pour aller chez Madeleine Picard où avait dîné Ravel. Bien intelligent le petit homme ridé, désireux de se singulariser. Nous parle théâtre-musical. Á son avis il n'y a pas de théâtre moderne.
— Qu'est-ce que ça veut dire? Et puis, vraiment, sommes-nous tellement différents de nos anciens? En tout cas, il a sur le chantier une pièce de théâtre d'une formule toute nouvelle, car aussi bien Wagner que Debussy, que Charpentier ne sont que des disciples de Meyerbeer, dit-il.
Il y avait une jeune femme qui jouait du luth, avec assez d'affectation. Mais elle est fort jolie et c'était très sculptural.
11 [décembre 1926]
Á la bibliothèque de l'Institut, je jette un coup d'œil sur le catalogue de la bibliothèque dantesque. Je ne sais pas si je trouverai les commentaires que j'en désire. Le chant IV, par exemple, demande une érudition énorme. Tout a été fait sur tout, et pourtant presque jamais on ne trouve ce que l'on cherche.
13 [décembre 1926]
Lamentable nouvelle, Fernand David est mort. C'était un ami charmant, je me reproche de ne pas l'avoir vu plus souvent ces temps derniers. Septicémie généralisée, la maladie de Blondat.
14 [décembre 1926]
Je suis de plus en plus content de mon esquisse pour le monument Fauré. L'arrangement du couronnement est trouvé, avec cet enchevêtrement d'ailes qui finit par former une courbe architecturale. Mes bas-relief autour du buste se présentent de manière heureuse, à bonne hauteur pour l'œil. Le dos s'arrange également bien, avec au centre la Pénélope; à droite Nocturne, à gauche ; Prélude.
La figure à genoux du groupe Rosengart vient tout à fait bien.
Chez la pauvre mère de David. Elle n'est pas changée. Il y avait bien longtemps que je ne l'avais vu. Elle parle, elle parle. Sa douleur s'extériorise.
15 [décembre 1926]
Enterrement de David au milieu d'une émotion sincère de la part de tous. Il avait un délicat talent et ne réussit pas très bien. Il avait tout pour n'éveiller aucune jalousie dans ce monde si cruel des sculpteurs.
Chez Guigui Roussy, où je passe prendre le thé, je rencontre à nouveau ce M. Roy, ministre du Canada à Paris, rencontré jadis chez mon beau-père Cruppi. Sur son interrogation je ne pu m'empêcher de lui laisser entendre ce que je pensais de la conduite de cet homme vis-à-vis de sa famille.
16 [décembre 1926]
Esquisse Fauré gagne de jour en jour. Tout maintenant contribue à l'améliorer. Ce sera un de mes bons monuments.
Trouvé [4] la composition que je cherchais depuis plusieurs jours pour le chant V de l'Enfer, l'épisode Francesca.
17 [décembre 1926]
Chez Sicard, l'après-midi, pour faire l'esquisse de la Victoire pour le monument des Aviateurs américains. Revu là son groupe de l'avenue Alexandre[-III] qu'il exécute en pierre. Ce n'est vraiment pas bon. J'ai été étonné, en le voyant de près de la faiblesse de cette exécution. La pierre ne l'améliore pas.
18 [décembre 1926]
Journée grave. Passé chez Dezarrois. Revu avec lui l'aide-mémoire que j'avais fait il y a deux ans pour le mettre à la date du jour, lui enlever son caractère personnel. Dezarrois m'apprend que G[eorge] Blumenthal arrive ce soir à Paris et qu'il doit dîner avec lui. Il veut dès ce soir lui remettre cette note. Je ne sais s'il a raison. Je ne crois pas qu'il faille bousculer les américains. Ils aiment, et cela se comprend, avoir l'initiative de leur générosité. Mais l'arrivée de G[eorge] Blumenthal me donne un peu l'explication du silence de Mme, qui à Grasse, doit être assez embarrassée de m'avoir tellement pressé d'envoyer ce fameux petit pied en marbre pour Noël, alors que Blumenthal vient passer Noël en France. Je m'explique moins le silence de Riou... Mais ne nous frappons pas. Je n'ai d'ailleurs pas grand espoir de ce côté.
Á l'Institut, solennelle séance pour la réception du roi des Belges. Le meilleur discours fut celui du maréchal Pétain, plutôt une lecture d'un chapitre d'un ouvrage qu'il prépare et appelle : le Soldat. Il nous a lu le chapitre ; Le Soldat du XVIIe siècle. Style net, clair. C'était très bien.
19 [décembre 1926]
Chez Landucci, la pierre de Déroulède s'annonce très bien. Je reprends confiance dans ce monument. Je ne crois pas que l'on pouvait faire autre chose.
Rendu visite au bon Dagnan-Bouveret, que j'aime bien. Il m'a demandé à venir visiter son atelier au printemps.
Ramené à la maison Mme Long, avec qui nous avons jetté les premières bases du programme du concert pour l'œuvre de la mère de Lily.
Après le déjeuner, le fils de Fauré est venu voir l'esquisse du monument. Il a été très content. je l'ai montré aussi à Mme Long qui l'a aimé beaucoup. Je suis très content de ce projet. Si on me laisse le temps de le bien exécuter, ce sera un des beaux monuments de Paris.
Mais j'espérais un téléphone de Dezarrois. Son silence est-il mauvais signe, ou Blumenthal lui a-t-il dit qu'il voulait d'abord parler avec sa femme. Mon impression n'est pas bonne.
20 [décembre 1926]
Téléphoné à Dezarrois. Il a eu avec M. Blumenthal une longue conversation. Celui-ci ne s'est pas dérobé. Il n'a plus dit par exemple qu'il donnerait une somme aussi énorme que la première fois! Mais il a emporté le papier corrigé par Dezarrois. Il lui écrira de Grasse.
Complètement terminé l'esquisse de Fauré. Maintenant il faut entendre les bêtises de certains membres du Comité. Et puis ce seront les commissions de la Ville de Paris! Et puis il y aura la question financière...
Reçu la visite de Gaffori et des deux Tharaud. L'un d'eux est d'un bien curieux aspect. Petite tête ronde, ridé semble-t-il avant l'âge. Par moments on les sentait impressionnés. Le Héros les a même émus, comme les Fantômes. Gaffori s'occupe sérieusement d'eux pour le monument de l'Yser [5].
21 [décembre 1926]
Nous nous sommes fort amusés hier soir au banquet des anciens élèves de l'École des B[eau]x-A[rts], en mon honneur, pour fêter mon élection. Coutan qui devait présider était malade. Jean Boucher a présidé à sa place. Il m'a fait un petit discours très gentil, auquel j'ai très mal répondu, mais me suis rattrapé en lisant l'énorme blague que j'avais préparée. On a ri, bien que j'aie, m'a-t-on dit, mal lu.
Maintenant que l'esquisse Fauré est terminée, je reprends les séances régulières à la pierre du mon[umen]t Colonne. J'ai confiance dans ce petit monument.
Bonne séance au buste du bon M. Appert. Il aura un très bon buste.
Le concert de Wanda (Société Bach) a été remarquable. Cette petite joue tout à fait bien et a eu un très gros et mérité succès. Hélène Pignari a joué également remarquablement bien. Cette musique était magnifique.
22 [décembre 1926]
L'homme européen du groupe de la face arrière d'Alger. L'après-midi groupe Rosengart[6].
Dîner chez Sicard. Son fils m'a raconté d'amusantes histoires sur Willette (notamment sa présentation à l'Institut pour remplacer Éd[ouard] Detaille). L'histoire est à lire dans le livre de Willette qu'il a appellé, Feu Pierrot.
23 [décembre 1926]
Pierre du monument Colonne. Passionnant. Exécuter sa pierre d'après des modèles plus petits, c'est passionnant, parce que certaines choses sont complètement à faire. Mais c'est très long. Impossible de se faire aider. Il faut que ce monument soit très bien.
Après-midi au bas-relief de S[ain]t-Quentin (celui de 1870).
24 [décembre 1926]
Ai écrit à Blumenthal. Lettre difficile. Je ne sais pas, je ne crois pas qu'il fallait les mettre ainsi au pied du mur. Situation délicate. Tout de même ce n'est pas très compréhensible de m'avoir spontanément écrit : "nous voulons vous aider." Puis de subordonner l'aide à la participation problématique d'une autre personne. J'ai écrit dans le sens qu'il fallait, je crois, c'est-à-dire en disant que je ne comprendrais [pas] très bien qu'il ne fasse plus rien! Le premier mouvement avait été magnifique. Il ne faut pas l'oublier.
Comme tous les ans, j'écris sur ces cahiers, tandis que Lily arrange le Noël des enfants [7]. Ce sera demain matin aussi gentil que lorsqu'ils étaient tout petits. Ils savent tous ce qu'ils auront, et en manifesteront joie et surprise. Espérons que longtemps encore, nous continuerons chaque année cette gentille tradition.
25 [décembre 1926]
Noël. Passé bonne journée tranquille. Le matin, j'ai été chez le père Landucci travailler au monument Colonne. Il faut absolument que j'y aille régulièrement tous les deux jours, sans quoi ce monument ne sera jamais terminé. L'impossibilité de se faire aider. Les praticiens mettent dans tout, leur facture sans esprit. Á moins de faire comme Bouchard qui laisse exécuter sans y mettre la main ses pierres et ses marbres par Orlandini, si bien que ce petit Orlandini, bien qu'assez éteint, mais sachant admirablement tailler la matière, transforme suivant sa vision les modèles de Bouchard. S'il est un cas où le praticien devrait signer, c'est bien celui-là.
Nous avons été chercher les enfants chez les Kapferer. Vraiment c'est incroyable ce qu'on est arrivé à faire accrocher sur les murs de certains bourgeois! Il y a dans son vestibule des décorations de Bonnard, d'une laideur totale, à tous points de vue, sans même cette pointe de bon goût discret qu'il y a chez certains artistes de ce groupe. Dans la salle à manger des toiles d'un nommé Dufy, c'est incroyable. J'ai même l'impression qu'en écrivant à ce sujet, je perds mon temps.
27 [décembre 1926]
Écrit aussi à Madame Blumenthal. Même sens qu'à son mari. Bien qu'elle n'ait pas répondu à mes dernières lettres. Dezarrois m'avait conseillé de le faire (je pense à la sagesse de l'imprimeur Plantin). Mais elle a envoyé à Lily un sac fort joli. Sa maladie la rend trop nerveuse. Et puis elle est facilement influençable. Et toute la bande des soi-disant modernes tourne sérieusement autour.
La Victoire pour le monument d'Alger devient épatante. Elle prend une allure énorme depuis que je traite les bras audacieusement avec un modèle homme.
28 [décembre 1926]
Toujours à la partie supérieure du b[as-]r[elief] Colonne. Je fais arranger l'encadrement et cela fait naturellement gagner. Quel dur et long métier. Si les gens n'étaient pas si pressés je suis sûr que je ne ferai que des choses très bien. Je me sens de plus en plus sûr de moi. Mon Dieu! Que c'est dommage que les choses n'aient pas facilement marché pour le Temple! Ç'eut été une chose unique.
29 [décembre 1926]
Au courrier de ce matin, lettre de Madame Blumenthal. Aucune allusion au Temple. Mais d'une très amicale mondanité.
Au dîner des Amis des anciens élèves de l'École normale, je me suis trouvé entre Herriot et Langevin. Herriot est vraiment sympathique. Il m'a dit qu'il travaillait à un livre sur la Renaissance dans la région lyonnaise. Lyon fut en effet, à la Renaissance et de tout temps, une étape de la route d'Italie à Paris. Pendant les guerres d'Italie, devint un centre très important, installation de la Cour. Léonard, Benvenuto y séjournèrent. Léonard s'y lia d'amitié avec un peintre lyonnais dont Herriot me dit le nom, mais que j'ai déjà oublié.
30 [décembre 1926]
Passé un moment chez M[aîtr]e Rousset. Brave homme. Encore un qui n'estime guère son ami Cruppi. Il a ce mot :
— Depuis le temps que je le connais, vous pensez si je la connais la manière d'avoir l'air de vous faire confiance et de ne vous rien dire du tout.
[1] La corne d’abondance, Les fruits de la mer, Les fruits de la vigne.
[2] Benjamin Landowski ; il est avocat.
[3] . Suivi par : "de mœurs", raturé.
[4] . Au lieu de : "Cherché", raturé.
[5] . Les Fantômes.
[6] La corne d’abondance, Les fruits de la mer, Les fruits de la vigne.
[7] . Au lieu de : "des petits", raturé.