Cahier n°21
1 janv[ier] 1926.
Matinée, travaillé à la maquette Alger. Après-midi, visites rituelles.
22 janv[ier 1926]
Retour des Lecques. Nous retenons surtout, Lily et moi, de ce petit voyage de repos, le souvenir d'une promenade à un petit port qui s'appelle le Brusc. Extraordinaire! Nous avons fait à pied, le long d'une falaise, une étonnante promenade. C'était un paysage préhistorique. D'énormes rocs, des lagunes. Et dans le fond de la baie de Sanary un paysage de montagne d'une lumière irréelle. Nous étions tellement enthousiastes que nous avons été chez le notaire du lieu demander s'il n'y avait rien à acheter. Mais rien. Dans les bois, sur l'avancée avant le cap Sicié, nous avons aperçu dans les arbres un petit toit perdu dans les pins, bien sympathique.
Lu le Dante et études sur.
23 [janvier 1926]
Repris mon travail par le modèle du Christ, la statue de Paul Adam.
26 janv[ier 1926]
C'est vraiment un homme assez stupéfiant que mon beau-père! Il avait organisé aujourd'hui, pour l'anniversaire de la mort de Mme Cruppi, une réception qui fut bien la réunion la plus singulière qui soit. Atmosphère de fausseté. Tous les gens réunis là savaient très bien : 1° que nos rapports avec lui sont des plus tendus malgré la réconciliation; 2° Qu'il n'a aucun chagrin; 3° que son remariage avec la S[uzanne] S[aillard] est sans doute déjà décidé et peut-être même la date fixée (moi j'ai annoncé à Maître Rousset pour juin ou juillet). Dans le pauvre appartement où il nous est si pénible désormais de venir, chacun cependant venait, lui serrait les mains avec conviction. Sur les murs de son cabinet de travail il a accroché une demi-douzaine de photographies de Madame Cruppi. Quel singulier bonhomme!
30 [janvier 1926]
Très intéressant à faire ce buste du Dr Richet. Mais il pose un peu trop la bouche grande ouverte. Il dort.