Octobre-1948

4 oct[obre] 1948

Déj[euner] Gérardeau, Lacour Gayet. Lacour Gayet semble fatigué. M. Gér[ardeau] raconte les [ill.] de Gen[eviève ] Tab[ouis] (nièce de Cambon). Son mari la pousse à suivre Ecole du Louvre. Egyptologie. Diplôme. Publication de deux livres sur l’Egypte, vallée des Rois où elle ne fut jamais. Conférences, quelques articles dans journaux. [ ?] déjà fouine/louche) lui offrit chronique de politique étrangère.[ill.] Quand un journal quel qu’il soit vous offre sa rubrique de politique étrangère, ça ne se refuse pas. Par sa parenté avec les Cambon acquit prestige en Amérique. Très active, fouineuse. Roosevelt la prit en amitié.

                6 oct[obre] 1948

Discours de Gaulle à Vincennes. (Sabotage des micros). Attentat contre Ramadier ? Résurrection du Komintern.

Chez les [ ?] J. Ibert. Rousseau.

                7 oct[obre] 1948

Reconstitutions du Komintern.

Visite de M.Linet.

                9 oct[obre] 1948

Jugements à l’Ecole. A propos élection du musicien : violente oppo[sition]de Pontremoli à candidature Rousseau. [ ?] les jugements à l’Ecole.

Istitut. Commission Villa Médicis et Tricentenaire. Rien n’est encore fait pour la demande de nos crédits ! Mais comité d’honneur, comité d’action , etc. ..

                10 oct[obre] 1948

Téléph[one] Büsser. Une candidature Ducasse. Stupide. Boschot et les fondations. Les 100 000 francs de la société des Amis de la Villa Médicis ? Les 100 000 frs. Envoyés à Ibert ? Excuses du secrétaire du Dr. D. Les affaires de ce dernier ne seraient pas en bonne situation. Bavardages pessimistes du secrétaire du Dr. D.

                11 oct[obre] 1948

Asklépios ?

Vincennes concours Choain. Lagriffoul 2è ! La politique en action.

De Ruaz. La publicité. Mâts en trois endroits. (Solférino, Alma, Trocadéro). Une expo. Fabiano [ ?] (de mains) avec une préface Sacha Guitry. C’est idiot.

Concours de Vincennes. Lagriffoul 2è. Les jeux de la politique. Puis du métro. Les autobus. Les récits de mon modèle Claude. L’Art Sacré (la vieille dame dessinant deux dessins). Refoulement.

 

[Reprise du texte du Journal]

 

12 oct[obre] 1948

En arrivant à l'atelier, je trouve toute la magnifique tuyauterie du poêle par terre. Le vieil Albert l'avait reçu en partie sur le dos, sans dégât ni pour le dos ni pour le tuyau. Nous le remontons et le consolidons.

Téléphone de Rigal qui me demande, pour une exposition à Galliera, le buste que j'ai fait de Despiau et celui que Lagriffoul a fait de moi.

Buste de Marthe de Fels. Je ne cesse de regretter de faire cette belle tête dans de petites proportions. Malgré tout, ça lui donne un caractère commercial.

Après déjeuner, nous grimpons chez Bosworth qui mariait sa fille aînée. Nous y retrouvons le gentil Jaulmes, les Paul Léon, etc. Et puis Madame Bourdelle et son tuyau acoustique et sa fille et son gendre et son allure intrigante. Tour dans le jardin où les robes bleues des demoiselles d'honneur faisaient la seule note de couleur. Il y a toujours dans n'importe quel motif une couleur dominante, même lorsque le premier aspect semble un bariolage.

Nous rentrons à Paris à l'exposition de Picasso. Au fond de moi, j'ai bien l'impression qu'il y a là beaucoup de farce. Je m'efforce d'y voir de la sincérité. Si on envisage la question au point de vue surréaliste, aucune raison de ne pas croire à la sincérité. L'incohérence des rêves permet leur expression incohérente aussi bien en littérature qu'en peinture. Ce qu'il faut donc examiner c'est l'impression transmise, plutôt l'émotion. Si donc Picasso est sincère, et je veux bien le croire tel, il est peintre de peu de talent, car tout ça est bien peu intéressant, sans émotion, ce n'est pas même imaginatif, et ce n'est pas le côté érotique de certains dessins qui montre de l'imagination. Nous rencontrons là Daragnès, sympathique, et qui pense comme nous, du moins il me semble.

Après Picasso, chez Barbedienne, à l'exposition de la danse où mes Danseuses indoues[1]font bien et ont du succès. Je rencontre le jeune de Bus[?], perdu dans des recherches soi-disant de simplification. Ce n'est pas une raison pour ne plus construire, ne plus dessiner et donner à ses mouvements si peu d'action. Quel mal ont fait à ces jeunes hommes les théoriciens d'aujourd'hui! Au point d'aujourd'hui, jamais ce ne fut.

Mais ce qui continue à préoccuper d'avantage que les erreurs artistiques, c'est la situation générale. La saignée de la France continue, qui commença en 1914 par les Allemands, continuée par eux jusqu'en 1944, reprise par les communistes jusqu'à, s'ils le peuvent, qu'ils y introduisent les Russes. Alors la saignée symbolique de ces quatre dernières années ne sera plus une image.

Le ministre Moch annonçait hier soir avoir la preuve que ce qui se passe aujourd'hui est financé par le Kominform, qui déversa des millions par jour pour soutenir les grèves. Mais quelle sottise d'avoir fourni, comme à l'ami, de si parfaits prétextes à cette agitation. L'imbécillité, c'est peut-être ce qu'il y a de plus grave.

M. de F[2]. nous parlait de Hoppenot, l'ambassadeur. C'est un opportuniste, un pied chez de Gaulle, un autre chez les communistes. A supplié de Gaulle de lui pardonner son attitude en Amérique du Sud, sous le règne de Pétain. Il persécutait à ce moment tous les gaullistes. J'aimerais avoir des précisions. Actuellement en Suisse, il brime sournoisement les initiatives non officielles. J'en sais quelque chose. Je regrette d'avoir été trop poli avec ce type.

13 octobre [1948]

La façon dont le P[arti] C[ommuniste] se défend de l'accusation de Moch est curieuse. En la démentant on se contente de parler d'accusation sans répéter la netteté de l'affirmation. Mais, si la chose est prouvée, pourquoi, cette fois encore, le gouvernement n'agit-il pas énergiquement? Que de mystères!

Matinée, buste de la petite Catherine Schn[eider]. Petit visage très expressif, avec sa bouche grande et ses beaux yeux. La chevelure est pauvre et donne un aspect pauvret. En ce moment, l'effet n'est pas encore bien. Mais, d'abord construisons.

Aimée Fiévet vient déjeuner; ne nous porte aucune nouvelle nouvelle.

À l'École, jugement des concours Roux : grande faiblesse. Ce sont pourtant des jeunes gens autour de vingt-cinq ans. Comment remonter ce courant rétrograde? La principale solution consisterait dans le choix des maîtres. Ni Untersteller, ni Suverbie, ni Narbonne, ni même Dupas ne sont à la hauteur de leur tâche. Ils flattent trop.

À l'Institut, rien de sensationnel. Ibert écrit pour nous annoncer que les crédits pour la Villa ont été très augmentés. Malheureusement ils ne sont pas versés! Mais les groupes en aparté commencent à parler de l'élection d'un peintre. Il y en a deux à nommer. Nous sommes quelques-uns à penser à Domergue. Je pense que ce serait une très bonne élection. Homme très intelligent, extraordinairement doué. J'étais chez lui ce soir. Dommage qu'il ait de terribles lacunes dont il ne s'aperçoit plus. Je ne le crois pas capable de dessiner bien un bras ou une jambe. Curieux. Büsser nous redit la participation de David-Weill, Cognacq et Debat au concert. Voilà que l'idiot Pontremoli recommence, à mi-voix, sa protestation — à mi-voix heureusement — il me fait penser à ces gens qui tout en acceptant les colis américains crient : "à bas l'Amérique!"

Fin de journée, avant d'aller chez Domergue, chez Mme Schneider. J'irai au Creusot le mois prochain, pour voir l'emplacement projeté pour la statue.

Domergue, chez qui je passe avant de rentrer, me raconte l'histoire de son dernier portrait, exécuté à Cannes. Voici une histoire qui bientôt se reproduira à x exemplaires. Il était dans son jardin, on l'appelle au téléphone, d'Amérique. C'était une Américaine lui demandant s'il pouvait faire son portrait, quelles conditions, etc. C'était un dimanche.

— Pouvez-vous commencer mardi prochain?

— Quoi!

— Mardi prochain. J'arrive en avion.

Le mardi, à l'heure dite, mon Domergue voit arriver une immense Packart, etc. On fait le portrait. La dame est venue uniquement pour 10 jours à Cannes pour faire faire son portrait par Domergue et faire du ski nautique, parce qu'on le lui interdisait en Amérique, car elle avait eu tout récemment un petit bébé... Le portrait fini, huit jours après son commencement, la dame invite Domergue à l'accompagner jusqu'à l'aérodrome. Là, sans mettre pied à terre, la dame qui conduisait l'énorme Packart, marche droit vers une super-forteresse, à laquelle on accédait par un large plan incliné. L’auto s'engage sur ce plan, le franchit, pénètre dans l'avion et s'arrête dans un garage... La propriétaire descend et tout naturellement propose à Dom[ergue] de l'emmener en Amérique; elle le ramènerait dans deux jours... J[ean]-Gab[riel] ne peut accepter. Il quitte la super-forteresse que son propriétaire a aménagée en deux étages : au-dessous, garage et les services; au-dessus, logements, chambre, salle à manger, etc. Domergue voit son beau modèle s'installer à la cabine de commandes et démarrer. Elle ramène avec elle mari, enfants, domestiques, trois mécaniciens. C'est une femme très jolie, d'environ 26-27 ans.

Passé une demi-heure magnifique au Petit Palais, aux salles de peinture française. Visité uniquement les salles des XV° et XVI° siècles. C'est au XVI° que la technique classique de la peinture s'est faite. J'entends par technique classique le pur métier, la manière de préparer ses toiles, de préparer les couleurs, de peindre les dessous, les glacis, etc. C'est dans les ateliers corporatifs que ce métier s'enseignait. C'est par les maîtrises, par le droit de surveillance des jurés, que le beau métier se maintenait. Pendant trois siècles on a toujours peint de la même façon. C'est vers la fin du XVIII° que le fléchissement a commencé. La grande Diane Chasseresse de l'Inconnu, de l'école de Fontainebleau, actuellement au Petit Palais, est peinte absolument comme Apollon et les Muses du Poussin et comme les beaux morceaux de nus de David. C'est certainement la fondation de l'Académie qui porte sans le vouloir, la responsabilité du fléchissement du métier. Enfin! L’art et le métier sont séparés, s'écriera Le Brun. Durant ces trois siècles, il n'y a pas eu la moindre révolution dans les arts, pas même la moindre intention. La grande querelle de l'Académie naissante et des maîtrises mourantes, a été une querelle de clientèle, querelle de seuls intérêts matériels, de liberté d'exercice de profession, mais nullement une querelle de doctrine esthétique. Vien qui meurt d'indignation par la fondation de l'Académie, était considéré comme l'égal, le rival de Poussin : même éducation à Rome, même technique, etc. Il se rallie à fond à la corporation quand l'Académie se constitue sans lui. Presque tous les académiciens fondateurs, ceux qu'on appela les Anciens, étaient ses élèves. C'est donc bien une querelle de coteries, semblable aux querelles actuelles des différents Salons.

La querelle actuelle se place cependant sur deux plans, car aujourd'hui, il y a réelle querelle de doctrine. En fait il y a deux grands courants artistiques : d'un côté, pour employer les mots d'aujourd'hui, les artistes figuratifs qui tous continuent le classicisme, de l'autre, les non-figuratifs. Parmi ces derniers, il y a sans doute aussi des nuances : cubistes, futuristes, surréalistes. Mais le courant profond des non-figuratifs, le seul qui, bien qu'il se soit proclamé contempteur de la logique, le seul qui soit logique, c'est le surréalisme. Dans l'autre courant profond, le courant figuratif, il n'y a que des querelles de coterie, on pourrait presque dire de partis. Aucune différence autre, entre tous ces artistes qui exposent au Salon des Artistes français, à la Société nationale, au Salon d'automne, etc., aucune autre différence que la valeur individuelle de chacun.

On peut considérer que le surréalisme est la seule, la véritable tentative de révolution artistique basée, j'allais dire, sur la réalité... Quelle réalité? Celle du rêve. Pourquoi, après tout, rejeter les images qu'apportent les rêves? Si bien que, malgré lui, le surréalisme s'appuie sur une réalité fugitive, d'où son intérêt formel réel. Le cubisme, bien qu'il précède le surréalisme, est loin d'avoir le même intérêt. D'abord, il n'est pas nouveau. Depuis toujours les artistes ont cherché à ramener les formes, pour construire leurs figures, à des volumes géométriques. C'est élémentaire. La trouvaille cubiste, si c'est une trouvaille, a consisté à s'arrêter là, ainsi que dans la simultanéité de la représentation. Cet arrêt à mi-route n'a guère d'intérêt. Il était naturel que le surréalisme emportât tout cela, tout en se servant de certaines formes cubistes à l'occasion. Mais ce qui caractérise ces deux mouvements, c'est la rupture brutale, violente, absolue avec les habitudes visuelles des siècles passés. Aussi loin peut-on remonter dans le passé, cette précipitation de rupture est la caractéristique du climat artistique de l'époque.

Au dix-neuvième siècle, l'opposition était entre le classicisme et [le] romantisme. Aujourd'hui, l'opposition autrement irréductible est entre le réalisme et le surréalisme. Tous les mouvements qui se sont succédé au cours de l'histoire de l'art en France, depuis trois siècles, sont variations du réalisme. Delacroix n'a-t-il pas dit de lui-même : "Je suis un pur classique"? (pour l'article de la Revue de Paris). C'était vrai. Et si nous recherchons les propos d'artistes pris tour à tour dans tous les mouvements, depuis Lebrun jusqu'à Vuillard, depuis Falconet jusqu'à Rodin, tous, du point de vue de l'enseignement, nous font les mêmes recommandations. Je cite Falconet parce qu'il est, je crois bien, le premier sculpteur ayant écrit sur son art. Dans cette histoire de l'art depuis trois siècles, tous les mouvements dits révolutionnaires ont toujours été provoqués par le même besoin traditionnel de l'esprit français, d'apporter de plus en plus de vérité, protestation contre les routines dans lesquelles s'enlisent les artistes.

Le premier grand mouvement de libération fut provoqué par Watteau et ses disciples plus ou moins directs, les Lancret, les Pater, etc. Qu'étaient-ils? Des réalistes. Ils peignaient la vie contemporaine. Le retour à l'antique, réaction plutôt morale qu'esthétique, est provoqué surtout par les écrivains, les philosophes. Ils ont découvert dans l'art une riche matière à exploiter. Et si les artistes emboîtent le pas. On leur montre dans ce "retour" une sorte d'exaltation, une épuration de la nature. Ils y croient. Ils n'y discernent pas tout de suite la sournoise infiltration d'abstraction (voir Quatremère de Quincy[3]). C'est cette abstraction qui provoquera l'action romantique, puis contre le romantisme l'action réaliste de Courbet, puis celle de l'impressionnisme (à développer) qui est, dans le domaine de la sensibilité, une extension du réalisme. Le réalisme de Courbet, réside dans le choix des sujets : la vie de tous les jours est aussi riche en thèmes picturaux que la vie du passé. Delacroix vaut David.

Pourquoi le Moyen Âge est-il plus intéressant que l'antiquité? À ce moment, attraction de la nouveauté. En même temps, on entre dans la voie des recherches techniques et même scientifiques. Les recherches de Chevreul sur la simultanéité des couleurs sont à la base de l'impressionnisme. La science apprend à voir. Mais jusqu'à l'apparition du cubisme et surtout du surréalisme, il n'y a pas eu véritable révolution. Le cubisme lui-même s'appuie encore sur la réalité. Le surréalisme apporte une conception absolument nouvelle. Ce n'est pas une raison pour qu'il ait raison. Mais il a tranché la question. Le monde des arts se trouve désormais nettement divisé en deux courants : le courant réaliste qui remonte à l'origine de l'histoire, le courant surréaliste qui absorbe en lui tous les courants en réactions contre l'expression de la réalité. Il est comme le fleuve. Mais comme tous les fleuves, il s'écoule vers la mer où il se dilue. Et la mer, c'est la vie. Ainsi se diluera ce surréalisme. Malgré des circonstances atténuantes, on ne peut que le condamner. (Tout ça à développer, à mettre en ordre. Article pour la Revue de Paris, en parlant aussi de la tentative correspondante en sculpture. Mais la sculpture, c'est plus sérieux).

14 oct[obre 1948]

Le petit Roland[4] m'apporte un dessin très intelligent.

La ville de Paris fait chercher pour une exposition, mon buste de Despiau, et mon buste par Lagriffoul. Exposition à Galliera.

15 oct[obre 1948]

Grand déjeuner à la Société de géographie économique présidé par Bonnefous, qui fait un excellent discours. Mais les discours même excellents s'oublient, à peine ont-ils été prononcés. Sur toutes ces réunions, sur tous ces discours et les projets qu'ils prônent et les recommandations qu'ils font, plane l'ombre immense de la Russie, infiltrée partout. Comment en sortira-t-on? Les actuelles grèves montrent quelle force, partout répandue, est dressée contre le relèvement. J'étais à côté du député Palewski[5], frère du secrétaire spécial du général de Gaulle. Naturellement, heureux des élections de dimanche prochain en lesquelles il a très confiance.

15 oct[obre 1948]

Baudinière me dit au téléphone que la seconde édition[6] va m'être envoyée dans très peu de jours.

Réception chez Lacour-Gayet, très brillante et intéressante comme toujours. Revu M. Girardeau, Maléjary, Peulvey, etc. Tout le monde, très préoccupé.

16 [octobre 1948]

Dépêche de Bertrand Arnoux. L'offre d'évaluation de la propriété du Brusc s'arrange, quoique injustement. Mais une expertise judiciaire serait pire.

Le jeune Collins Brown vient travailler. Il est plein d'entrain et vraiment pas très fort pour son âge. C'est de mauvais goût surtout. Mais il parait très sincère.

Situation générale toujours bien inquiétante, surtout intérieure. Pour l'extérieur je ne crois pas qu'elle tourne au drame sanglant. La Russie donnera une apparence de concession.

17 oct[obre 1918]

Visite de jeunes élèves de l'École. Gourdon et deux camarades dont l'un s'appelle André Auria, l'autre Moutandy. Le jeune Gourdon me parait de plus en plus intéressant. Nature concentrée, très attentif. Ils me donnent des précisions sur le concours d'entrée à l'École. En effet on a supprimé toutes les épreuves orales de culture générale. Pour entrer à l'École N[ationa]le Supérieure des B[eau]x-A[rts], il n'est pas même nécessaire d'avoir le certificat d'écoles primaires. On demande moins à ces jeunes hommes de seize ans au minimum qu'à des gosses de quatorze ans se présentant à quelques école technique en arts appliqués. Même pas des embryons d'anatomie. Un dessin, un modelage, c'est normal, et une esquisse et une esquisse d'architecture. C'est tout. Ces deux dernières épreuves parfaitement inutiles. Voilà ce qui s'apprend ensuite. Mais il y a des notions de culture générale qu'on n'apprend plus après la réception. On n'enseigne pas de culture scolaire dans une école supérieure. Que faire? Toute cette belle besogne est l'œuvre de Robert Rey, Gimond, Janniot, Untersteller, Souverbie. Les autres suivent ces intrigants. Tout ça est bien lâche et bien stupide.

Ça va avec ce qui se passe en politique. Véritable chantage à la ruine de la France. Certes, tous nos gouvernements précédents sont responsables. On ne peut cependant que constater que le moyen de protester est à peu près pareil à la menace atomique. Et ce n'est pas plus courageux de la part des meneurs qui sont payés par le P[arti] C[ommuniste], et pas plus intelligent, car, quoi de plus absurde et irresponsable qu'une foule. La force du nombre n'est pas la justice. On ne peut pas dire que la nouvelle dévaluation qui n'est pas une dévaluation, tout en l'étant, n'est pas une opération de prestige.

18 [octobre 1948]

Lettre d'Expert. Thoris, le directeur technique, a tout mis sur le dos d'Expert. Comme tout ingénieur sorti de Polytechnique très jaloux de s'occuper d'art, il tient mordicus à ses idées imbéciles. Il m'a nettement menti l'autre jour. Je crains que la nouvelle combinaison soit pire que la première. Laplace, Expert ne demandant pas mieux que de l'arranger [illisible Attendons le retour de Morin.

Le buste de la petite Cath[erine] [7] vient bien. Je crois que je fais des progrès. C'est parce que je me suis remis à fond à la sculpture. Quelle idiotie ces directions! Temps perdu, intrigues, etc. Bien fait que j'en suis puni [sic] de m'être laissé prendre à ces vanités.

19 oct[obre 1948]

Le petit buste[8] marche bien. Aussi Asklépios[9] qui s'achève sans perdre de caractère, au contraire. Aussi le monument du Père-Lachaise[10]. Je commence à reprendre les têtes.

Mais ce qui ne va pas, c'est la situation générale intérieure. Les grèves sont certainement odieuses. Mais tout semble avoir été fait pour les provoquer. Il ne faudrait jamais oublier qu'il s'agit d'une véritable guerre, sournoise à peine. Et puis les masses ouvrières sont réellement malheureuses. Il suffit de voir le métro aux heures de presse. Si on ne sentait pas la volonté oppressive de la Russie sous ces mouvements, on serait à fond avec ces mineurs.

20 oct[obre 1948]

L’atmosphère, le climat de l'Académie est de plus en plus odieux. Untersteller, ce petit voyou arriviste comme un allemand, s'agite pour la prochaine élection de peintre. L'Académie commence à être très nettement divisée en deux. Perret, Untersteller, Souverbie avec Pontremoli font l'élément actif du clan qui se prétend avancé. De l'autre côté ce sont Lejeune, Aubry, Poughéon. On dira qu'ils ne sont pas très remarquables. Ils le sont plus que Souverbie et Untersteller. Pour moi, me voici fort embarrassé. Lejeune est allé relancer Domergue. Je l'aime bien, mais je ne puis encaisser le côté superficiel et de bien mauvais goût de son œuvre. Poughéon aurait obtenu l'acceptation de Guirand de Scévola. Si il se présente, je voterai pour lui. C'est un chic type et il a beaucoup de talent. Mais est-ce vrai? Le candidat sérieux me parait être Heuzé. Ce n'est pas de tout premier plan, mais y a-t-il en France actuellement un peintre de tout premier plan? L'homme est bien sympathique. Ancien clown, dit-on? Pourquoi pas. Mais il est bien difficile de ne pas rester fidèle à ses amis.

Soirée aux Archives internationales de la danse, où une danseuse brésilienne donnait une conférence et un court récital. Les danses brésiliennes sont à l'image du peuple brésilien qui est le produit du mélange de race blanche (espagnol et portugais), race noire (esclaves importés d'Afrique), race rouge (indiens autochtones). Le résultat est magnifique. Elle nous a dansé entre autres une danse appelée Concala et qui est le souvenir d'une ancienne coutume datant de l'esclavage. Sur les plantations, le maître nommait un couple Roi et Reine des esclaves. Ils étaient responsables. Mais il y avait une cérémonie du couronnement, avec beuverie et danses. Cette danseuse, Elos Golusia [ ?], après nous avoir analysé le pas des danses nègres importées en Europe, elle nous a dansé quatre danses très étonnantes. Toute la scène était tendue d'une toile noire. La silhouette de cette fille magnifique, bien typiquement brésilienne, vêtue de robes très colorées, ou bien aussi nue que possible, faisait un magnifique effet. Elle dansait ces danses en groupe : danses populaires, danses guerrières, danses funèbres, danses fétichistes. La plus ancienne qu'elle nous dansa, fut une danse fétichiste, danse négro-indienne. Le thème en était : une jeune femme poursuivie par un démon, le fuit, se défend, finit par être possédée par lui. Elle représente presque nue, longue et vigoureuse, avec une fleur rouge dans les cheveux, soutien gorge et cache sexe donnant prétexte à riche bijouterie. Me rappelait beaucoup les costumes hindous. Immobile devant le rideau noir, blanche d'un ton ivoire, les perles et les quelques bouts de tissus bleus chantaient. Elle danse sur une musique violente, très rythmée, de temps en temps toute pliée en avant comme les danseurs nègres, de temps en temps, courant, tournant. Fuite, lutte, chevelure toute dénouée, tournant de plus en plus, au rythme d'une musique très angoissante, elle finit par tomber à genoux, le dos au public. Le démon invisible la domine, peu à peu la renverse en arrière. Et peu à peu, sous le rythme lancinant, elle est vaincue. De mouvement du bassin et du pubis, absolument comme je l'ai vu faire à Kairouan par une femme dans une espèce de bouge, elle ne craint pas de mimer le rythme de la possession et tout en restant à genoux finit par s'effondrer sur le dos, les bras en croix.

Cette fille est magnifique. Comme presque toutes les danseuses, elle a un léger défaut : les bras manquent de volume. Mais les jambes sont d'un galbe rare, musclées comme les amazones grecques. Ma petite Françoise[11] va probablement faire avec elle une tournée.

21 octobre [1948]

Travaillé à la pierre, les têtes, du groupe du Columbarium.

22 oct[obre 1948]

Expert à l'atelier de Colin. Très content aussi de la France. Ce qu'il me raconte de M. Thoris, le directeur technique de la Transat. est énorme. Jamais Expert ne lui a dit qu'il ne voulait pas changer la glace. Au contraire, il a proposé soit de ternir (il parait qu'on a trouvé un procédé qui fait très bien) soit de tendre un beau tissu. Toute la combinaison stupide d'avancer la statue est de Thoris. Et (genre Boschot), il a rédigé une sorte de rapport où il met cette proposition sous la volonté d'Expert. Expert est furieux. Mais ne peut évidemment pas faire grand chose. Attendre le retour de Marie, qui voyage dans le Pacifique. Expert me parle aussi des réformes de l'École des B[eau]x-A[rts]. Voici quel est l'état d'esprit : cette fameuse création d'un diplôme supérieur, idée excellente qu'on étudiait déjà de mon temps de directeur, et que les élèves prônaient, ils n'en veulent plus. Tout était réglementé, les professeurs nommés, les cours annoncés. Le jour de l'ouverture du premier cours, une bande est venue et a empêché d'entrer les jeunes gens qui venaient. Aucune action administrative. On n'a pas même fait la tentative de recommencer. Le diplôme supérieur est supprimé. Ça va avec la réforme de Robert Rey du concours d'entrée à l'École des Beaux-[Arts] pour les peintres et les sculpteurs. On a supprimé toutes les épreuves de culture générale, plus d'histoire, de perspective, plus même d'anatomie. Mais on demande une esquisse d'architecture! et une esquisse peinte en sculpture, à des petits de 17-18 ans! Parce que, parait-il, les génies sont gênés par le bachotage! Les responsables de pareilles sottises sont Robert Rey, Gimond, Janniot, Untersteller. Les autres suivent lâchement.

Fini Asklépios[12]. Satisfait. Je deviens de plus en plus consciencieux.

23 octobre [1948]

Buste de la petite Schn[eider], qui vient très bien. Après-midi au Shak[espeare]. J'ai du mérite de continuer ce nu de Sh[akespeare] debout. Une vision d'un Shakesp[eare] assis. Je veux en faire une sorte de sphinx mystérieux. Il serait sans geste, tout droit.

Dîner à l'hôtel Plazza, invités par M. et Mme Gérardeau. Il y avait Maurice Reclus et sa femme. Reclus vient de faire un livre Splendeur de la IIIe République. Je l'en félicite. Je suis soixantequinziste, plus que jamais.

24 octobre [1948]

Déjeuner à la maison : Winders et sa femme et sa fille, les deux Aubert, Bizardel. Succès du monument du Père-Lachaise[13]. Je travaille aux têtes, et ça va. Mais j'ai rencontré l'autre jour dans le métro une femme dont l’enchâssement des yeux était magnifique. J'en suis obsédé. L'œil immédiatement contre l'arcade. Les sourcils absolument, géométriquement horizontaux. Vraiment impressionnants. Impossible malheureusement à rattraper sur la pierre. Bizardel me dit de lui écrire pour lui demander une augmentation.

Après-midi, visite de Mme Osborne, la femme de l’Américain président de la commission de la bombe atomique, à l'O.N.U. Dame tout à fait sympathique. Aussi la curieuse Mme Perreux, dont la vie de voyages doit être pleine d'imprévus. Intelligente.

25 oct[obre 1948]

À propos de la séance annuelle de l'Académie des B[eau]x-A[rts], j'écris un article sur les prix de Rome pour Opéra.

Heuzé vient me faire sa visite académique. Il est robuste, pas mal vulgaire, très sympathique. On dit qu'il fut jadis clown lui même, avant de se consacrer à la peinture du milieu du cirque. Voilà encore une de ces élections où je suis fort embarrassé. Heuzé a du talent. Domergue en a aussi. Ce que fait Heuzé est plus construit, plus solide que ce que fait Domergue. Il a lui des trouvailles drôles, souvent de mauvais goût, même de mauvais arrière-goût quelque peu louche. Au fond, Heuzé est mieux. Mais voilà : H[euzé] est du Salon des Tuileries, dont nous avons déjà plusieurs représentants, dont deux étaient particulièrement indésirables à tous points de vue : Souverbie et Untersteller. Heuzé les renforcerait. Et avec raison, l'Académie s'efforce de ne pas laisser dominer les coteries. Voilà pourquoi je voterais Domergue, si je ne le connaissais pas. Je le connais. C'est un ami charmant, spirituel et qui rendrait certainement des services à l'Académie. Est-ce pour obtenir des voix, mais Heuzé me raconte des histoires énormes sur Picasso, Matisse, qu'il dit ne pas aimer. Picasso a une fortune de plusieurs centaines de millions. Il est administrateur de la B.N.C[14]. Matisse aussi aurait une fortune immense, aurait des magasins de vente en Amérique que gèrent ses fils. Les hommes qu'il voudrait faire arriver à l'Académie après lui, ce sont Derain et Segonzac. Je connais peu Derain. C'est certainement un de nos peintres parmi les meilleurs. Segonzac, c'est comme Domergue. Je l'aime comme ami. C'est le très chic type. Mais vraiment, son talent est bien médiocre, même le paysage, facile à faire pourtant.

26 oct[obre 1948]

Commencé la frise des Suppliants aux pieds d'Asklépios[15]. Passionnante grouillade [sic].

Visite de Langle, le secrétaire de la bibl[iothèque] Marmottan. Il ne m'a pas été très sympathique, mais Boschot est tellement brutal, dur, que je comprends l'irritation du garçon. Il s'agissait de ses allocations familiales. Ça va nous valoir une séance de la commission administrative.

27 [octobre 1948]

Buste de la petite Cath[erine] Schneider, presque fini et bien ressemblant. C'est plus difficile que de ne pas faire ressemblant.

Institut. L’atmosphère y devient de moins en moins agréable. Cela date un peu de l'élection Perret. Mais il est gentil et d'esprit large. L'aggravation est venue d'abord de l'élection Souverbie puis de celle d'Untersteller. Hommes de peu de valeur, tous deux. Mais Souverbie est tranquille. L'autre est un arriviste agité. Il veut absolument s'introduire dans la commission de la villa Médicis. Il annonce avoir rédigé un projet de réforme du prix de Rome! Et voilà que Boschot le fait convoquer pour la séance de la commission du 10 dont l'ordre du jour est déjà établi. Boschot me parait de mèche avec Unterst[eller]. Parce qu'il sait que Un[tersteller] est protégé par Schuman!

Au musée de Caen, concert des Amis de la villa Médicis, organisé par Büsser. Sancan a joué très bien du Debussy.

Avant la séance, rendez-vous avec M. Thoris[16], de la c[ompagn]ie Transatl[antique], pour la pose de la France. Le boulonnage parait insuffisant aux ingénieurs de S[ain]t-Nazaire. Ils ont raison. On procédera donc au sondage. Il s'agit donc de dégager les pattes afin que les soudeurs puissent travailler à l'aise. C'est quand même une drôle d'idée d'installer une statue sur un bateau. Elle pourra fort bien cette fois être horizontale. Mais, évidemment, ce n'est pas au sculpteur à souligner ce contresens.

28 oct[obre 1948]

Mes journées sont pour ainsi dire prises par les bustes. Matin, petite Catherine Schn[eider], après-midi, Marthe de Fels. Elle ne peut plus venir poser. Il faut donc le considérer comme terminé. Il n'est pas mal, mais faire à fond un buste dans cette petite dimension, c'est peu agréable, surtout une aussi sculpturale tête. Dommage.

Interview de Staline, à la Pravda. Il s'agit de mettre sur le dos des Anglais et des Américains toute la responsabilité de l'actuelle tension. URSS est une agneau bêlant qui, comme chacun sait, respecte la liberté des peuples, comme en Lettonie, Estonie, Finlande, Roumanie, etc., laissés absolument intacts par la puissante voisine, respecte la liberté individuelle, comme le proclament les centaines de mille êtres qui travaillent sous le fouet en Sibérie, etc. Mais quel est le but de cet interview?

29 oct[obre 1948]

Buste de la petite fille. Après-midi, frise des Suppliants[17]. Je crois que ça pourra être poignant. Le paradoxe du comédien, ne s'applique pas à l'artiste créateur. Aujourd'hui, je vivais mes suppliants et suppliantes. Tout ce que j'ai vu de poignant, les pèlerins dans Rome à Pâques, les Arabes dans les mosquées, surtout dans une petite mosquée du sud algérien, quand j'ai fait le voyage de Constantine, et les malheureux de Kairouan, les pèlerins de Lourdes, tous m'apparaissent avec leurs visages d'angoisse, leurs mains jointes. Et puis j'ai aussi le souvenir des photographies des pèlerins du Gange, vues chez M. et Mme Deleplanque. Presque trop de documentation, si on peut appeler ça documentation. Presque trop d'émotion, devrais-je dire.

30 oct[obre 1948]

Je travaille, chaque samedi, au nu du Shakespeare debout, tout en sachant que ce n'est pas ce projet-là que j'exécuterai. Je commence à voir sortir des limbes le Shakespeare assis que je ferai. C'est tellement simple, et dans sa simplicité, ça a tellement de caractère, je le vois, qu'il fallait beaucoup de temps pour le faire surgir d'entre tant d'images dont on a la cervelle encombrée.

Visite de M. et Mme Charles Schneider, qui ont été enchantés du buste de leur enfant[18].

Fin de journée chez M. et Mme Lanotte. M. L[anotte] est venu visiter mon atelier. Je n'en ai aucun souvenir. Il est, comme sa femme, une égyptienne, tout à fait sympathique. Mais j'ai eu le plaisir de faire la connaissance de Nubar Pacha, le neveu de Mme Capamagian. On parle de choses et d'autres. Il me dit habiter à Garches, dans une maison construite par A[uguste] Perret. Il me dit plusieurs fois, avec insistance :

— Il est architecte et aussi entrepreneur. J'ai perdu tous mes cheveux à cause de lui. Il pleuvait dans ma maison.

Bref, il ne cache pas qu'il a été très mécontent, laisse même entendre que le personnage s'est plus conduit en entrepreneur peu scrupuleux qu'en architecte consciencieux.

31 oct[obre 1948]

Le jeune Helbert me disait ce matin son désarroi, son inquiétude au milieu des théories abracadabrantes autour de lui, et que ça lui faisait du bien de venir me voir. Comme un bain de santé. Ça lui redonne confiance en lui-même.

La jeune Jeanne Cruppi vient nous voir avec son fiancé, un beau grand jeune homme. Visites de M. et Mme Remyon de l'Institut Pasteur, et de la jolie marquise Soult de Dalmatie. Aussi viennent les Jacques Ibert. Très content de son voyage en Argentine, mais éreinté. Il a vu Boschot, mais ne pense pas de lui plus de bien que moi-même. Il me dit que Boschot ne lui a pas écrit pour féliciter Thégie [ ?] et Watkin de leur succès au concours des portes du Vatican. (Il y aurait une réforme à faire à l'Institut : la suppression du titre de "perpétuel", leur inamovibilité les fait se prendre pour de petits potentats, et tout va à vaux l'eau, sauf ce qui concerne leurs intérêts directs.) Fermons la parenthèse. À Rome, dit Ibert, tout va bien. Les pensionnaires touchent, grâce au change, 800 000 lires. À ce propos, me souvenir de demander à Boschot s'il a écrit à Rob[ert] Rey et Jaujard pour les remercier d'avoir ainsi obtenu l'amélioration des pensions.

 


[1] Danseuses cambodgiennes.

[2] Marthe de Fels ?

[3]. Suivi par : "influencé par Winckelmann et Mengs", raturé.

[4] Roland Chabannes.

[5] Jean-Paul Palewski, frère de Gaston.

[6] De son livre Peut-on enseigner les beaux-arts ?

[7]. Schneider.

[8] Catherine Schneider.

[9] Nouvelle Faculté de médecine.

[10] Le Retour éternel.

[11] Françoise Landowski-Caillet.

[12] Nouvelle Faculté de médecine.

[13] Le Retour éternel.

[14] Banque nationale de crédit ?

[15] Nouvelle Faculté de médecine.

[16] Ingénieur de la Transat.

[17] Nouvelle Faculté de médecine.

[18] Catherine Schneider.