31 décembre [1952] - 1er janvier 1953
Bien travaillé au panneau "La femme apparaît"[1]. Hier. Et hier Bidault a renoncé. C'est son parti et celui de de Gaulle qui nous ont mis dans ce pétrin. Il paraît que c'est René Mayer qui dénouera la crise.
Bilan de l'année écoulée. Fait les deux panneaux centraux (mais l'un des deux massacré par Colin !). Refait le motif gauche du tympan. Presque achevé le panneau de l'apparition de la femme. Il vient bien avec ce tohu-bohu d'animaux s'entre-dévorant. Fait le buste de Mme Charles Schneider. Je le crois bon. Fait une bonne maquette de Méhémet le Grand. Suffisante pour être agrandie. C'est d'un bel élan. Pour la statue, dommage qu'elle ne se fasse pas. Pas d'illusions à avoir. Pour ma tranquillité c'est mieux qu'il ne se fasse pas, ce monument. Pour notre tranquillité à tous les trois. Et puis j'ai mis debout le projet du Trocadéro[2]. J'espère que celui-là se fera. On ne sait jamais en notre époque curieuse. Je suis, par moments, inquiet de n'avoir pas de nouvelles du docteur Gardinier, ni de Jacques Mayer, ni du président Vergnolles. Une fois de plus la question d'argent doit les gêner.
Déjeuner de tous les enfants et petits enfants. Hélas! Nous ne sommes plus que trois sur les Landowski II. J'étais triste de ne pas avoir Ladis[3] au milieu de nous. J'ai décidé de vaincre toutes les rancunes, hélas méritées, que j'ai contre lui. Il faut absolument, s'il n'y a pas de malheur parmi nous durant l'année qui commence, il faut absolument que Ladis préside ce déjeuner l'an prochain. Même s'il fallait inviter aussi cette petite garce de Wanda[4]. Ce sont là sentiments destructeurs. Cette Wanda, ce qui est désarmant chez elle, c'est la candeur de sa muflerie.
Porté des cartes chez le président Bouisson, chez le président Vincent Auriol, à l'ambassade de Belgique, à celle d'Italie. J'ai oublié Marguerite Long.
Cependant René Mayer recommence le même jeu que Soustelle et Bidault. Jacques[5] nous disait que c'est une comédie, que le futur président sera un nommé Morice[6], actuellement Ministre des Travaux Publics dans l'équipe Pinay.
2 janvier [1953]
Bon travail. J'améliore de plus en plus le panneau « La Femme »[7], et je traite avec un soin particulier les plantes et les animaux. Toute cette partie sera sous l'œil. C'est du décoratif pur. Moi qui en ai horreur. Mais il fait partie d'un ensemble. Et c'est le thème d'ensemble, littéraire j'ose dire, qui m'a conduit à ces deux panneaux-base.
3 janvier [1953]
Visite de Violette Woog. Elle paraît enthousiaste de la Porte[8]. Me dit que ça fera une révolution dans les mares artistiques actuelles. Mais moi, je ne pense qu'à finir rapidement. Le pourrai-je pour la fin de ce mois? Le panneau "La Femme" sera certainement terminé à la fin de la semaine prochaine. Pour rétablir "Le mystère de la mort" il faudra une quinzaine de jours. Alors il ne me restera plus que "L'homme".
Dans Le Figaro les représentations de Nils Halérius sont annoncées. Très bien, malgré erreur de dates. Mais hier soir, France-Soir a publié une note stupide par laquelle les deux imprésarios disent avoir pour projet d'être le complément de l'Opéra et de l'Opéra Comique! Ca peut être gênant pour Marcel[9] vis-à-vis de Lehmann, surtout après les cancans sordides qu'on avait faits. Finalement ça ne sera pas très grave. Et l'on sait ce que valent les journalistes.
4 janvier [1953]
Visites ce matin Tattegrain, le petit-fils du peintre d'histoire, qui pose sa candidature comme correspondant. C'est le genre de ces garçons qui ont l'air quelque peu niais, mais qui sont fort malins. Il fait des vers, est maire de sa commune dans le Nord, et paraît avoir une belle fortune.
Le sculpteur Petit, bien sympathique. Me parle à nouveau de la grossièreté et de l'injustice de Janniot. Même ses élèves sont scandalisés. À celui qui a eu le prix de Rome en juillet dernier et qui lui avait manifesté de la négligence, il a dit devant tout l'atelier "Tu sais bien que c'est à moi que tu dois ton prix. C'est moi qui ai téléphoné à mes amis du jury. Qui t'a envoyé les voir. C'est bien le moins que tu sois poli, etc." Il paraît que c'est à la jeune fille appelée Walch, gamine sans valeur, qu'il veut faire avoir le grand prix en 1953. Sans doute tout n'était pas parfait avec l'Académie. Mais jamais le prix de Rome ne fut une pareille foire d'empoigne.
Vient aussi le jeune Tréboit. Ce qui le frappe, à l'École, c'est l'indiscipline qui règne partout, le manque de conscience des élèves qui n'arrivent que vers 10 heures, le manque de conscience des professeurs. Yencesse ne sait quoi leur dire, comment les corriger. Il leur fait copier et recopier les antiques. Ils en reviennent à l'enseignement 1840. En fait "l'énergique" Untersteller ne fait que de la démagogie. L'École est pleine de maçons. On désorganise les collections. Celle du paysage historique a disparu. Comme on s'est aperçu de l'erreur de ne demander aucune culture générale au concours d'entrée, on va l'imposer réglementairement et obligatoirement après les concours d'entrée. Drôle d'École Supérieure. La seule chose qui ne sera pas obligatoire, en fin de compte, c'est le travail à l'atelier… Pauvre jeunesse, aux pattes d'un imbécile.
5 janvier [1953]
Bertault rapporte le fragment refait du fronton[10] "Asklépios confié au Centaure Chiron".
Bon travail au panneau "Apparition de la Femme". Je pense le finir à la fin de la semaine.
René Mayer accepte de demander l'investiture. Les difficultés, comme pour les autres présidents pressentis, viennent de de Gaulle, avec son idée erronée de ne pas vouloir une armée européenne, mais des armées nationales, absolument indépendantes les unes des autres. Remarquable doctrine pour que l'Allemagne fasse son armée, sans contrôle véritable, pour que les diverses nations n'aient aucune cohésion. En face, le bloc russe et ses satellites. Et il ne faut pas se faire d'illusions. La Russie veut la guerre et à son heure. Malheureuse Europe. Malheureuse France dont on surexcite le chauvinisme. En même temps, l'esprit dictatorial exerce son attraction sur les tempéraments autoritaires. Au fond de lui, je crois que de Gaulle n'aime pas la Russie, mais qu'il aime encore moins l'Amérique. La Russie est militariste. L'Amérique est profondément démocrate.
6 janvier [1953]
Très bonne journée. Panneau "Apparition de la Femme"[11]. Surtout à la réfection du panneau loupé par Colin. Je commence à réentrevoir la fin de toute cette partie. Je crois que dans une quinzaine je n'aurai plus à m'occuper que de l'"Apparition de l'Homme".
Politique : incertitude sur le vote de la Chambre pour l'investiture.
7 janvier [1953]
Institut. Discours d'une heure de la notice sur Gabriel Cognacq par Hautecœur. Quel beau type de prétentieux satisfait. Type oiseau, genre héron, pélican, marabout. Notice pleine d'incidences sans grand intérêt sur la famille Cognacq. Avec de l'esprit et de la sensibilité, sans rallongements inutiles, c'eût été bien. La fin n'était pas mal. La vie de chaque humain, même en apparence la plus médiocre, peut être la source d'un remarquable roman.
Politique. René Mayer reçoit l'investiture. Je ne me rappelle plus qui m'a dit que la combinaison Soustelle-Bidault devait servir de préface à un coup d'État. Le R.P.F. étant dans la place, d'ici trois mois, Bidault serait renversé vers le moment de l'élection présidentielle. Le R.P.F. prenait tout le pouvoir, presque automatiquement et de Gaulle entrait à l'Élysée pour instaurer une sorte de dictature présidentielle à la manière que nous voyons à côté.
8 janvier [1953]
Travail, bonne journée.
Dîner Maxime Leroy dans un restaurant appelé Au soleil de Mogador. Je suis entre un professeur à la Sorbonne et un M. Cyprio[12] qui dirige à la Radio l'Heure de Culture Française. Ce dîner était en l'honneur des recteurs de l'Université de Genève. Je parle avec ces Messieurs des arbres plantés trop près du monument de la Réformation, en plein centre, devant le groupe. Ils en prennent note.
9 janvier [1953]
Je commence à m'inquiéter d'être sans réponse de Jacques Mayer et Gardinier, à mon envoi de photos du Monument de l'Armée[13]. Tout est en suspens. Ni le budget de l'État, ni celui de la ville de Paris ne sont votés. On ne peut donc rien décider puisque la ville doit, en principe, prendre à sa charge la réfection de la muraille et les fondations et le soubassement.
Le ministère René Mayer est formé. Cornu s'en va, ce que je regrette. Claudius-Petit s'en va aussi, ce que je ne regrette pas. Que vaut celui qui le remplacera? Se laissera-t-il aussi charmer par les regards d'extra-myope jaillissant des lunettes-téléscopes de Le Corbusier ?
Vu Madeline et sa secrétaire, Mme Mantais. Rien à faire pour obtenir une augmentation. L'examen qu'ils font du devis de Susse aboutit à cette constatation : "C'est de la bouillie pour les chats". On parle de choses et d'autres, du rôle destructeur que Pontremoli a joué partout où il est passé, de celui qu'il a joué à Toulon. Il est, avec Perret, le grand responsable de l'éreintement du quai. On ne sait que faire des cariatides de Puget. On parlerait même de les détruire!
Toute époque de "modernisme" est avant tout une époque de vandalisme. On parle des constructions de Perret et Le Corbusier. Dépenses effarantes qu'on dissimule. Dans la tour Perret à Amiens et dans la boite Le Corbusier à Marseille, chaque fois qu'un locataire prendra l'ascenseur, ça coûtera entre 1.500 et 2.000 F. d'électricité. Ca sera intéressant d'écouter dans deux ans ce que raconteront les locataires. Quant au nouveau Secrétaire d'État aux Beaux-arts, je n'ai rien pu savoir encore. C'est un R.P.F. dissident. Quelle est sa valeur? Si c'est un moderne, on en verra de belles!
10 janvier [1953]
Il paraît que la question du Secrétaire d'État aux Beaux-arts n'est pas réglée. Cornu semble devoir être renommé. Ce serait parfait. Je regrette beaucoup, de sa part, qu'il ait signé la lettre en réponse à la demande de l'Académie de réviser le mode absurde actuel du jugement définitif. Réponse évidemment écrite par Robert Rey.
Bon travail au difficile groupe du faucon attaquant un héron[14]. Visite à Marguerite Long. Malgré ses énormes défauts, je conserve une sympathie pour cette femme singulière. Elle a une valeur intellectuelle certaine, ce qu'on appelle du dynamisme. Et puis je lui reste reconnaissant de ce qu'elle a été pour Marcel[15] à ses débuts. Quand il a conduit l'orchestre et qu'elle est venue jouer. Puis des impondérables et des pondérables ont fait évoluer les relations. Mon petit Marcel s'est laissé influencer. Curieux que tous les gens qui ont approché Marguerite aient été, plus ou moins rapidement, brouillés avec elle. Nous parlons de choses et d'autres. La belle Mme de Jouvenel m'en veut parce que, pendant la guerre, je ne lui ai pas annoncé le mariage de Marcel puis de Françoise[16]! C'était en 42 ou 43, on était coupé en deux. Il y a des amitiés qui ne sont pas très solides. Quand je pense comme il a fallu peu de choses, des cancans mensongers de Wanda pour modifier nos si confiants rapports avec Ladis[17]…
Elle n'est pas en bonne santé Marguerite[18]. Depuis un an elle souffre beaucoup d'un doigt, le soigne, s'est droguée de toutes les manières. (Il paraît que ce matin, à la répétition publique, elle s'est trompée plus de dix fois. Ca a été affreux). Elle me dit qu'elle pense renoncer à jouer. Comme c'est difficile de renoncer. Elle a sur son piano une très belle photographie de Debussy. Il y a sur cette photo une phrase commencée et inachevée. C'est, me dit-elle, la dernière pensée qu'il ait voulu écrire. Il n'a pas pu. Nous nous rappelons cette soirée, chez elle, où Ravel fut dans l'impossibilité d'écrire, dans un album d'autographes, quelques mesures de son concerto. Ce fut le premier signe de la maladie qui devait l'emporter. Il paraît qu'en droits d'auteur, son frère son héritier, a touché l'an dernier vingt cinq millions.
11 janvier [1953]
M. Cornu, après nombreuses tractations, reste au Secrétariat des Beaux-arts. C'est bien
12 janvier [1953]
Téléphone de Tournon qui me demande d'urgence une photographie de la France pour la Banque de France. Il s'agirait d'une réalisation en pierre.
14 janvier [1953]
Lecture du rapport de Lemagny, beaucoup trop élogieux sur les envois de Rome en gravure. Je n'aime pas cette démagogie. Il s'agit de flatter Untersteller qui le brandira comme témoignage de l'excellence du nouveau système d'attribution des Grands prix, système qui est une hérésie de justice. Faire saisir la cour d'appel par la cour première qui a écrit le funeste jugement! - Avec Paul Léon, je suis chargé de rédiger la réponse au ministère sur ce sujet.
À la commission Galignani nous attribuons la bourse récente à Mme. Vergneaud. Mais comme elle ne fut que « la servante au grand cœur » de Bigot, je crains qu'il n'y ait des difficultés à l'Assistance publique. On commence à envisager l'élection du successeur de David-Weill. Laguionie ? qui serait très bien. Bollaert qui serait aussi très bien, quoique me paraissant surtout un haut fonctionnaire, bien manœuvrier. Et voici Albert Sarraut qui émerge. À bien des points de vue, ce serait très bien. Mais aux mêmes points de vue ce serait dangereux. Il y a du marchand de tableaux derrière Sarraut. La bonne femme Cuttolli, et surtout la femme Paul Guillaume, veuve Paul Guillaume, épouse Walter.
15 janvier [1953]
Mis courageusement à la reprise du panneau : « Mystère de la mort »[19].
16 janvier [1953]
Journée perdue. Matin jugement du concours Carrière. Bien faible. C'est ce qui caractérise tous les concours. On n'a pas donné de prix. Conti accepte d'en donner deux l'an prochain.
Mais la grippe s'abat sur notre colonie. Marcel[20] est assez sérieusement accroché. C'est terriblement ennuyeux. Parce qu'il n'est pas encore tout à fait remis de la dépression du printemps dernier. Puis parce que les répétitions de Nils Halérius commencent. Il a été obligé de décommander celle qui devait avoir lieu aujourd'hui. Et voilà que Lily qui était bien ce matin, se couche ce soir avec presque 39°…
17 janvier [1953]
La maladie dans la maison. La fièvre a monté. Le docteur V. est venu. Diagnostic : grippe classique. Rien aux poumons, heureusement. Mais Lily[21], trop surmenée par son dévouement à tous, moi, les enfants de Marcel[22], un peu abandonnés pendant la tournée de Jacqueline[23] dans les pays scandinaves et Finlande, et son œuvre de secours aux enfants, et sa participation aux Amis de la Liberté. Chère Lily, très certainement une des femmes les plus remarquables qui soient.
Travaillé toute la journée à ces deux bas reliefs[24] qui sont toujours presque finis !
De Russie, nouvelle surprise dans le sens des procès d'orthodoxie. Voilà que l'on nous annonce un procès monstre des médecins, la plupart israélites, qui ont soigné jusqu'à présent les grands du Parti.
18 janvier [1953]
Inquiet pour Lily, affreusement abattue, comme brusquement vidée de toutes ses forces.
Bon travail cependant. Cette plastiline est très difficile pour finir. On n'arrive pas, du moins moi, à faire de belles surfaces.
19 janvier [1953]
Cette nuit Lily a fait 40°5! Le médecin est rassurant. Je suis très inquiet. Son expression! Mais son moral est excellent.
Je reçois quand même Mme Quercy de Fronsac. Elle vient me porter un nouvel ouvrage qu'elle édite elle-même. Son mari est fort malade, perdu d'après ce qu'elle laisse entendre. Elle a pris comme nom d'éditeur Yvain, son nom de jeune fille (Yvain d'Affy).
19 janvier [1953]
Lily, encore 40°3 !
20 janvier [1953]
Le médecin décèle un point de congestion à la base du poumon droit. À ma stupéfaction il dit qu'il reviendra vendredi seulement! Je reçois la visite de Bollaert. Il poserait sa candidature au fauteuil de David-Weill. Cette candidature est excellente. Mais elle m'embarrasse car Laguionie m'en a parlé.
21 janvier [1953]
J'ai téléphoné au médecin de revenir. Il y a un peu de mieux. Il croit le moment culminant passé et prédit la guérison assez rapide. Pénicilline, auréomycine, tous ces nouveaux médicaments sauvent. Ce sont les laboratoires qui sauvent le monde. Une épidémie comme celle-ci, il y a quinze ans seulement, eut été très meurtrière.
Avec Domergue, nous sommes reçus par Cornu. Il est d'accord pour que l'Académie écrive une nouvelle lettre, pour que nous la lui portions et nous fixe le 10 février pour la lui remettre. Au fond, lui serait d'accord. Mais il y a, tapis dans les bureaux, R[obert] Rey et Untersteller. Moi qui ai été directeur de l'École et qui ai connu l'attitude des autres directeurs, jamais on n'avait assisté à pareille trahison. Il s'agit de mettre, plus ou moins directement, le prix de Rome dans les mains du directeur de l'École et de l'administration. L'Académie a fait tant de bêtises que nous aurons bien du mal à rétablir la situation. Cornu sera toujours dominé par les bureaux, c'est-à-dire R[obert] Rey.
22 janvier [1953]
Réception de François-Poncet à l'Académie française. Son discours, une grande fresque avec des simplifications excessives. Verdun a été rappelé. Bien. Mais je ne peux oublier les mémoires de Foch, l'accusation formelle contre Pétain, de vouloir se rendre. Il l'avait déjà voulu après la première Marne. Il n'a pas été rappelé que Pétain a été le Chef Suprême de l'Armée Française de 1918 à 1939. Dans quel état elle était! etc.etc… J'ai préféré le discours que Poncet[25] prononça samedi dernier à la remise de son épée d'académicien. Beau petit bibelot son épée par le petit Guzman.
23 janvier [1953]
Lily est mieux.
Je dîne chez Domergue. Il y avait Cornu, la femme du fils de Zuloaga, le Comte de Dampierre, Antérion, le Chef de Cabinet de Cornu, le ménage Pierre Benoît. J'ai pu parler un peu en tête à tête avec Cornu, qui me semble vraiment favorable à la révision du système absurde des jugements des concours de Rome. Il me dit que la villa Vélasquez sera reconstruite, ça coûtera 230.000.000! On va démolir tout ce qui restait de l'ancien Palais. Il était classique renaissant. Le nouveau, d'après ce que j'ai compris, va s'inspirer de l'architecture à lignes droites à la mode du jour, et pour le plus grand profit des entreprises de préfabriqué. Je lui demande si vraiment on va aussi construire une maternité Médicis, flanquant la villa, pour les ménages des pensionnaires! Non. Cette maternité ne se fera plus. Elle coûterait au bas mot 100.000.000! Sans parler des frais supplémentaires annuels. Mais, malheureusement, j'ai l'impression que le mariage sera autorisé. Ainsi on va perpétuer la situation absurde actuelle. Toutes ces faiblesses vont aboutir à la chute du Prix de Rome.
Pierre Benoît parlait de la visite Churchill en Amérique. Le résultat serait un échec. Churchill n'a pas obtenu les milliards qu'il était allé chercher. D'autre part, il aurait déclaré à Eisenhower que l'Angleterre ne marcherait pas si la guerre éclatait entre l'Amérique et la Russie. Je ne crois pas que ce soit si simple. Ni Churchill, ni Eisenhower ne sont des imbéciles.
24 janvier [1953]
Nous sommes sur la voie de la guérison. Ce matin 37°, le soir 38°.
25 janvier [1953]
Visite de Mme Korthals qui m'a montré d'assez bonnes aquarelles. Elle n'a pas de nouvelles de sa fille Claudie Brouille.
Visite de Marcel Treboit avec deux camarades de l'École, dont l'un est un jeune allemand qui veut être critique d'art et s'instruire dans les différentes techniques, pratiquement. Il paraît qu'en Allemagne on est aussi dans le mouvement surréaliste, abstraction, à plein gaz! Ca a toujours été en Allemagne. Rappelons-nous 1900, l'art munichois. Tragique que la France se mette à la remorque de ces idioties. Tréboit et son camarade, élève aussi de Yencesse, me donnent meilleure impression de ce qui se passe à l'École. On veut remédier au manque de culture générale en rendant les cours obligatoires, en créant un diplôme de sortie donnant droit à des places dans l'enseignement. Ce sera doubler les cours normaux, que les élèves qui voulaient entrer dans l'enseignement suivaient. La culture générale doit être donnée avant d'entrer à l'École des Beaux-arts qui est une école supérieure.
28 janvier [1953]
Lily[26] est guérie. Mais je commence à tousser. J'ai pourtant pris toutes les précautions possibles.
Je ne suis pas allé hier à la commission administration centrale, et aujourd'hui à l'Académie. J'ai travaillé et j'approche vraiment de la fin des deux bas-reliefs[27] qui marchent de front. Bientôt je n'en aurai plus qu'un, le panneau de base dont l'Homme sera le motif central.
29 janvier [1953]
Je peine sur le Lucifer-Satan du panneau de la mort. Sa tête. Comment le coiffer !
[1] Nouvelle Faculté de médecine.
[2] A la Gloire des armées françaises.
[3] Ladislas Landowski.
[4] Wanda Landowski.
[5] Jacques Chabannes.
[6] André Morice.
[7] Nouvelle Faculté de médecine.
[8] Nouvelle Faculté de médecine.
[9] Marcel Landowski.
[10] Nouvelle Faculté de médecine.
[11] Nouvelle Faculté de médecine.
[12] Pour Pierre Sipriot.
[13] A la Gloire des armées françaises.
[14] Nouvelle Faculté de médecine.
[15] Marcel Landowski.
[16] Françoise Landowski-Caillet.
[17] Wanda et Ladislas Landowski.
[18] Marguerite Long.
[19] Nouvelle Faculté de médecine.
[20] Marcel Landowski.
[21] Amélie Landowski.
[22] Marc et Anne Landowski.
[23] Jacqueline Pottier-Landowski.
[24] Nouvelle Faculté de médecine.
[25] François-Poncet.
[26] Amélie Landowski.
[27] Nouvelle Faculté de médecine.