Mai-1947

1er mai [1947]

Téléphone d'Harlette[1]. Les communistes vont quitter le gouvernement. Les socialistes sont assez indécis. Ils se diviseraient, mais Vincent Auriol, lors de son voyage en Afrique, a pu constater la besogne que les communistes faisaient aux colonies. Il est revenu indigné.

2 mai [1947]

Le bruit court de la démission du ministère. Ce serait le quantième de la quatrième.

4 mai [1947]

Je suis malade. Et justement M. Marie, sa femme, Baudry, la princesse Galitzine devaient venir. Lily[2] les a reçus. Marie a été très enchanté... La France et de Grasse. Je suis fort ennuyé de rester dans mon lit.

5 mai [1947]

J'avais rendez-vous chez Mortreux. Il me reçoit comme toujours tout à fait amicalement. Nous parlons de la succession Ibert. Il pense comme nous qu'Ibert doit succéder à Ibert. Il paraît que Poughéon poserait sa candidature. Mais on n'aime pas Poughéon rue S[ain]t-Dominique. La thèse est que Poughéon, lorsqu'il a été relevé ayant engagé une procédure devant le Conseil d'État, ne peut pas poser sa candidature, puisqu'en fait il se considère comme directeur. Mais je venais spécialement lui parler du mariage des pensionnaires. Il est tout à fait convaincu que c'est une erreur. Mais il faudrait une contrepartie qui serait un abaissement de la limite d'âge. Robert Rey m'avait fait dire de le faire prévenir quand je serai chez Mortreux. Il est venu un instant. Je lui ai dit un mot du Michel-Ange. Il n'est pas encore allé au Salon. Il me dit de voir Goutal. Ce dernier me reçoit un instant, entre deux rendez-vous. Le budget des achats est terriblement réduit. Il faudrait au moins 600 000 F pour mon Michel-Ange en bronze. La fonte revient à 450 000 F. J'ai dépensé déjà plus de 200 000 F pour le grand modèle en plâtre. Si l'État me l'achète 600 000 F, non seulement j'aurai travaillé deux ans pour rien, mais je ne serai pas même remboursé de mes dépenses. Et on achète 2 000 000 trois dessins de Seurat et 2 000 000 quatre toiles de Picasso faites chacune en une demi-heure! Mais comme je n'ai rien d'important au musée d'Art moderne, je ne poursuis pas l'affaire d'argent. C'est maintenant affaire de la fameuse commission d'achat.

6 mai [1947]

Chez le banquier Sinet je rencontre Michel Goldschmidt et son beau-frère. Je le trouve affreux ce beau-frère. Quand je pense à sa jolie femme. Il n'a pas non plus l'air d'un bon type.

J'avais audience avec Plouvier, pour l'inscription au budget des crédits du tricentenaire. Réception des plus aimables. Tout marche bien. Il faudra maintenant que Boschot et le bureau aillent voir le ministre.

7 mai [1947]

Chez Lefebvre-Lacroix pour l'épée Lacour-Gayet. Elle fait bien, elle a peut-être le défaut d'être un peu lourde. Si j'en fais une autre, je la ferai en métal repoussé. Ce serait encore plus direct.

À l'Institut, classement des candidats à la villa Médicis. À la séance de la commission, Pontremoli a très adroitement repris la thèse Mortreux et a fini par persuader Poughéon de ne plus se présenter. Ibert a donc été présenté en première ligne. Puis, pour la forme Decaris et Untersteller. Les commissions ont en même temps décidé de proposer un abaissement de la limite d'âge pour le concours de Rome à 28 ans.

Le Dr Debat a été reçu. Il a l'air si heureux[3].

13 mai [1947]

Au Cercle féminin, rue Quentin-Bauchart, déjeuner en l'honneur de la décoration de Braibant. Un dessus de panier littéraire. Il y a Bedel qui préside, Duhamel, Jean Paulhan, etc. Je suis à une petite table avec les Clauzel, pas mal fatigués tous les deux. Avant le déjeuner, j'ai aperçu les lorgnons de R[aymond] Isay. Je l'ai en vain cherché ensuite. J'ai fait le tour des tables avant qu'on ne se place pour voir où il était. Je n'ai pas trouvé. Je crois bien qu'il disparut avant le déjeuner. Comme tout bon arriviste, il était venu se montrer, avec son vilain museau de délateur.

Après le déjeuner, à l'exposition, plutôt installation définitive paraît-il des impressionnistes dans la salle dite du Jeu de Paume. Pour moi, cette exposition marque bien l'ignorance, plutôt l'incompétence de nos actuels conservateurs. Ces Huyghe, Salles, Cassou, Dorival, qui remplacent les Maspero, les Lafenestre, les Collignon, les Jamot qui les précédèrent, s'avèrent de parfaites nullités. Ils ne se distinguent pas. Cézanne, Seurat sont mis sur le même plan que Manet ou que Toulouse-Lautrec ou Degas. Or cette exhibition marque l'effondrement de Cézanne et de Seurat, entre autres.

Seurat! vraiment. C'était sans doute un charmant homme, un esprit subtil. Sa peinture est celle d'un imbécile. Peu de toiles dégagent une pareille impression de sottise, de misère picturale que le Cirque. Ah! je sais bien les mystères d'arabesques, de courbes qu'il y a sous ces gestes. Mais qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse, pauvres gens, ces correspondances géométriques! Le cheval n'en est pas moins figé, le clown qui saute une lamentable loque, votre écuyer au fouet, un pantin aussi et ces spectateurs qui semblent aussi dessinés par un enfant de douze ans. Ah! que j'ai envie de courir au cirque, voir de vrais clowns, grimés, grimaçants, vigoureux, criant et une vraie danseuse bien fardée, sur un cheval pesant, et un public actif, riant, s'amusant, dans l'atmosphère violente, à gros effets d'ombres, à brutaux éclats de lumière, et dans l'odeur de sueur et d'écurie. De la vie. De la vérité. Voilà pourquoi Toulouse-Lautrec, Manet dominent, demeurent et demeureront.

Ceux-là ne commençaient pas leurs tableaux en s'étonnant eux-mêmes de courbes, d'ellipses, de circonférences tracées au compas Autre énormité, entre plusieurs. Que vient faire le douanier Rousseau avec ses toiles cirées pour devantures de baraques de foire, à côté de ces nobles efforts, de ces trouvailles que sont les toiles de Degas, de Manet, de Sisley. Et voici un autre homme qui faiblit dans cette aventure, c'est Gauguin. Ce n'est pas fort, quoiqu'il y ait dans son exotisme un intérêt attachant. Mais ce fameux cheval blanc, non, ça n'y est pas. Regardez le moindre cheval blanc de Van der Meulen, qui n'était pourtant pas un peintre de premier plan. Vous aurez la leçon et vous jugerez de l'état d'aberration où sont nos conservateurs. Et ces messieurs s'ébrouent à tire-larigot dans les budgets, disposent de l'argent de tous et va couler dans les poches des marchands de la rue La-Boétie ou du VIe arrond[issemen]t.

L'ami Bruck, le jeune chef d'orchestre roumain, nous avait convoqués à une conférence sur Marcel[4], dans un bar S[ain]t-James, avenue Montaigne. Il y avait "nous" et c'est à peu près tout. J'avais invité Mâne, le sculpteur dont la femme chante. On a chanté (Lise Daniels) trois nouvelles mélodies de Marcel. Elles sont excellentes et d'une originalité très grande. Jacqueline[5] a joué la Suite du Petit Poucet. Certaines pièces de cette suite manquent d'impressionnisme.

14 mai [1947]

À l'Institut, récit par Büsser d'une conversation entre lui, Verne et Boschot, avec Naegelen, à la sortie de la cérémonie Bergson, à la Sorbonne. Il s'agissait encore du voyage de 1941. Naegelen donc redit à Büsser ce que le très sale type d'Isay lui a soufflé, leur déclare qu'il ne veut pas que je m'occupe des cérémonies du tricentenaire.

— J'en parlerai à Paul Léon, ajoute le ministre!

De tout cela, il faut se souvenir. Il y avait le directeur du cabinet Wolf qui opinait. Il ne m'est pas possible de laisser aller les choses ainsi.

Après l'Institut, je vais à la réception de fiançailles du fils François-Poncet. J'ai rarement vu une jeune fille plus belle, corps et visage, que la fiancée. Le voilà le problème mystérieux de la Beauté. Cette jeune fille en est l'expression parfaite.

Et puis je vais chez Benjamin[6] le mettre au courant.

15 mai [1947]

Au Plazza. Déjeuner Girardeau en l'honneur de la remise du buste. Excellent déjeuner, remarquable. Beaucoup de grands compliments. Un charmant discours de Tabouis. Un autre de M. Girardeau. Une improvisation tout à fait sympathique de Mme Girardeau. N'ayant rien préparé, je n'ai pas osé prendre la parole à mon tour.

16 mai [1947]

Nouvelle visite à Goutal. Il me redit combien il aime mon Michel-Ange. Nous sommes d'accord pour le chiffre de 750 000 F payables en deux ou trois annuités.

Petite visite à Mortreux pendant laquelle, comme d'ordinaire, il me dit un peu de mal de Poughéon. Je déjeune avec Expert, chez Calvet. À une table non loin, un magnifique dominicain, gros et puissant, splendide, déjeunait finalement en compagnie d'une jeune femme fort jolie. C'est le fameux père Bruckberger, le cinéaste.

Au Salon, vote des médailles d'honneur. Voilà des récompenses que l'on est parvenu à complètement discréditer. Comme on est d'ailleurs en train de discréditer le prix du Salon, mais par d'autres moyens.

18 mai [1947]

J'ai été montrer à Paul Léon les lettres que j'adresse à Naegelen et à Wolf. J'y joins les pièces essentielles du dossier. Je parie qu'ils ne répondront pas. Paul Léon, on ne peut plus gentil. Il me dit que répondant à Isay sur ses calomnies, il lui dit :

— Mais enfin, vous avez écrit un livre sur l'œuvre de Landowski.

— Oui, évidemment, répondit cet imbécile, mais il n'a pas tenu les promesses de ce moment.

C'est trop bête. Paul Léon me demande de lui laisser mes brouillons qu'il reverra tranquillement.

Visites : Lacour-Gayet et sa fille, vraiment contents de l'épée. La prochaine sera meilleure. Celle-ci est bien. Le ciseleur m'a abîmé un peu le cheval. Je ne laisserai aucune main étrangère toucher à la prochaine.

Le jeune Pagès, petit-fils d'Eugénie Auger, une grande tranche de ma jeunesse, vient me soumettre son esquisse du concours de Rome. Il a vingt-quatre ans. Nous étions plus forts à son âge. Il est intelligent. Mais il a beaucoup à faire. Son esquisse n'offre pas beaucoup de ressources.

La petite Jeannette Vieuxtemps est fiancée. Réception chez Jean[7].

19 mai [1947]

Les pierres du mon[umen]t du Père-Lachaise[8] sont toutes en place dans l'atelier. Commencement du socle.

Je porte moi-même rue de Grenelle mes deux lettres pour Naegelen et Wolf; je les remets moi-même à l'huissier.

Puis je vais chez Bernheim[9] qui m'avait téléphoné pour me mettre au courant de la situation. Il me dit qu'il a vu Herriot, à peine. Que celui-ci lui avait dit qu'il accepterait d'être président du comité de ce monument pour la Suisse, mais que deux gros négociants en soierie de Lyon avaient eu la même idée. Il proposait donc de réunir en un seul les deux projets. Bernheim me dit :

— Vous comprenez, cela me va, ça va sérieusement me soulager. Quant à vous, votre nom n'a pas été prononcé. Herriot m'a dit seulement qu'il désirait que le monument soit exécuté par un sculpteur lyonnais, du nom de Salanche (je ne le connais pas même de nom) que les deux négociants lyonnais recommandent beaucoup. Vous comprenez, me dit Bernheim, je ne peux que m'incliner. Il n'y a rien contre vous, là-dedans. D'ailleurs j'ai un autre projet, que vous ferez, je vous l'affirme. Je m'y prendrai tout autrement.

Je n'ai évidemment rien à faire.

En fin de journée, visite de Madame Rageot, toujours splendide.

Pour Bernheim, cette solution est pour lui une bénédiction. Pour moi, c'est presque un soulagement de n'avoir plus à m'en occuper. Quoique pas assez naïf pour croire que les choses se soient exactement passées ainsi.

21 mai [1947]

Je vois au Louvre René Huyghe pour le tricentenaire. Très chaud. Je lui parle des intrigues Isay. Il doit chercher quelque chose pour lui. Du moment qu'il y a des crédits demandés, il flaire une affaire possible pour lui, en marge de son espèce de direction des commémorations. Huyghe ajoute :

— Mais si je peux vous donner les moyens de le faire taire. Isay s'est fait nommer par Vichy au commissariat des Affaires juives.

Je me rappelle que lorsque je l'ai vu à Vichy, fin 40 ou début 41, quand je lui ai demandé ce qu'il faisait, s'il ne risquait rien, qu'il ne m'a rien dit de précis, mais "qu'il n'avait rien à craindre". Ceci dit d'un ton supérieur, comme s'il était un trop grand personnage pour que quiconque osât s'attaquer à lui.

22 mai [1947]

Courses dans Paris pour le renouvellement de mes passeports. Déjeuner aux Parisiens de Paris qui reprennent vite. Présidence François-Poncet. Invitée de marque, Yvonne Printemps qui prononça après François-Poncet, un petit discours charmant. André de Fouquières commença. Ribadeau-Dumas termina.

25 mai [1947]

Mon vieux camarade Elsinger vient me voir. Il a mon âge. Il prit vers 1939 un poste à la préfecture de la Seine. Il n'a que le traitement de ce poste pour vivre. Or le voilà menacé d'être remercié. Aucune retraite. La sculpture, il l'a abandonnée. Il n'a plus rien à en espérer. Je ne crois pas qu'il en ait jamais créé beaucoup. Il me demandait d'écrire au préfet de la Seine pour être prolongé. Je vais le faire, bien entendu. Vais-je réussir?

26 mai [1947]

Marcel[10] revient de Prague où il avait été pour une espèce de congrès de musiciens. Il revient très impressionné de l'attitude des compositeurs et exécutants russes. Ils sont vraiment comme des bêtes traquées, n'osant converser avec personne. Il a eu des échos de ce qui se passe en Russie. C'est, en pire, le même système que du temps des tzars, déportations en masse. Des villages entiers reçoivent l'ordre d'être prêts à être transportés à des milliers de verstes de distance. Ils n'ont que quelques heures pour se préparer.

27 mai [1947]

Avec Paul Léon, chez Joxe. Il n'est pas partisan de demander à l'Expansion un crédit spécial. Mais pour certaines réceptions, l'Expansion interviendra au moment.

Exemple de l'attitude de certains fonctionnaires. Au guichet des passeports. Une queue pas très longue. Une femme, devant moi est à son tour de passer. La fonctionnaire regarde la pendule. Il est 11 h 20. Elle dit à haute voix :

— Il est 11 h et demie, je vais déjeuner.

On proteste. Elle se lève et sort. Il a fallu attendre là, un bon quart d'heure pour qu'arrive une autre fonctionnaire qui a repris la besogne de l'autre. Personne n'a protesté. Quand on essaye, les autres vous regardent avec des yeux ronds et apeurés, comme si on allait recevoir une rafale de mitraillette.

Déjeuner Maxime Leroy. Je suis entre Benda et Ithié, le président de cour. Je parle à Benda de son livre, La France byzantine. Il me dit que c'est inimaginable ce qu'il a reçu d'injures publiques et privées pour ce livre.

Paul Léon est là. Il me dit que c'est Isay qui a tout monté contre moi, dans cette affaire du centenaire. C'est lui qui a intrigué auprès du ministre. Sans lui tout aurait été magnifiquement bien. C'est vraiment insensé.

28 mai [1947]

Nouvelle incroyable ce matin. Notre parent Gustave Roussy est accusé de fraudes considérables, de trafic d'or, etc. Une plainte serait déposée contre lui par le gouvernement. Je me précipite à la Sorbonne. On me dit qu'il est à la campagne.

Institut. La section de peinture procède au classement des peintres. Ils mettent en première ligne Bercier! puis Fouqueray, Bouchaud, etc.

Je n'ai aucune nouvelle de mon Michel-Ange. Le Salon ferme. Je téléphone aux B[eau]x-A[rts]. Ce n'est même pas Goutal que j'ai au téléphone. C'est une vague secrétaire qui me dit "qu'elle a le regret de me faire savoir que la commission n'avait pas pu, etc., à cause de crédits insuffisants."

Or des musées viennent d'acheter 6 000 000 trois dessins de Seurat, dessins tout à fait ordinaires (à la vente Fénéon) études, si on peut appeler ça des études pour le tableau Les Poseuses.

Je ne cesse de penser à l'affaire de Roussy. Je ne puis croire cet homme capable d'une indélicatesse même! Que sont mes ennuis à côté des siens.

29 mai [1947]

Visite de Bercier. Je l'avais vu pour la première fois chez Lalo, à la réunion organisée à l'occasion de mon livre sur l'enseignement. Il y avait là Goerg, aussi, le peintre des fœtus. Bercier prit la parole, la garda longtemps et nous sortit tous les lieux-communs-reçus-par-la-critique sur Manet, Degas, etc. Il a l'air d'un malade. Il a eu un accident dans sa jeunesse dont il a conservé une grande faiblesse des jambes. C'est un gentil garçon, qui ne se présente quand même pas en génie à la manière d'un Souverbie par exemple. Il me montre d'assez bons dessins de paysages. Mais c'est loin d'être un maître. Il a un peu l'aspect eunuquoïde.

30 mai [1947]

Chez Guigui Roussy. Elle est très énergique et dans ce qu'elle nous dit, paraît tout à fait véridique. Il s'agissait de la part revenant à Roussy, dans l'affaire Nestlé, après la mort de son père. Six cent mille francs suisses qui faisaient près de 50 000 000 français! Les gens qu'il avait chargés du transfert — l'homme d'affaires de son père — a peut-être fait tout un trafic. Roussy n'en savait rien? Cet homme a gardé près de 10 000 000 pour lui et des intermédiaires. Que Roussy n'ait absolument rien su, ce n'est peut-être pas très exact. Mais que ce soit un crime d'avoir fait rentrer cet argent, du temps de Pétain, moi, je ne peux pas considérer cela comme un crime, ce qui m'intrigue, c'est le pourquoi de cette brutale publicité contre cet homme. L'espèce de satisfaction que l'on a à accabler un puissant. Ah! ne laissez jamais apercevoir aucune faille dans votre cuirasse!

Visite de Baudinière. Il m'apporte des petites toiles qu'il exécute dans sa retraite. Voilà encore un homme désespéré. Mais lui, n'est pas complètement innocent. Il s'occupe toujours indirectement de sa maison. Mon livre pourra paraître en octobre.

31 [mai 1947]

Visite de mon ancienne élève américaine, aujourd'hui mariée sous le nom de Miss Wares. Dans ce temps déjà lointain elle était au mieux avec une amie française, avec qui elle faisait ménage. Je me rappelle l'effarement d'une autre élève américaine, miss S., américaine, qui travaillait en même temps chez moi quand l'amie française venait chercher son amie américaine et qu'on s'embrassait sur la bouche, etc., avec très peu de retenue.

Une amie d'Henry[11], Mme Thirouin est venue m'entretenir d'un projet de Maison de la paix, et me demande d'entrer dans le comité d'honneur. Ce que j'accepte, comme toujours.

Malgré la continuation des ennuis à retardement, je n'ai pas mal travaillé. Fini tout l'entourage du socle pour le groupe du Père-Lachaise[12]. Recommencé et avancé Asklépios[13]. Pour le Père-Lachaise je n'ai plus à faire que la frise ajourée. Terminé trois des danses d'après Nyota[14]. Retouché les cires chez Barbedienne. Dommage que cette fonderie ait une aussi commerciale réputation. Bientôt je n'aurai plus qu'à me consacrer à la Porte. Mais avec la disparition de Roussy de la scène universitaire, qu'adviendra-t-il de ses projets. On va se ruer dessus, et Danis reprendre ses idées absurdes.

Demain Peulvey vient nous chercher et nous allons au Luxembourg, où la Gr[an]de Duchesse doit me remettre la cravate de commandeur d'un Ordre grand ducal. C'est Lacour-Gayet qui, si gentiment, a négocié tout cela.

 


[1] Harlette Gregh.

[2] Amélie Landowski.

[3] 7 pages du cahiers sont déchirées.

[4] Marcel Landowski.

[5] Jacqueline Pottier-Landowski.

[6] Benjamin Landowski.

[7] Jean Vieuxtemps.

[8] Le Retour éternel.

[9] Marc Bernheim.

[10] Marcel Landowski.

[11] Henry Landowski.

[12] Le Retour éternel.

[13] Nouvelle Faculté de médecine.

[14] Les Danseuses cambodgiennes.