1er février [1957]
Tour des quatre villes qui forment l'ensemble Monte-Carlo : Monte-Carlo, le jeu; Monaco, la politique; la Condamine, le luxe des yachts. Promenade à pieds et retour jusqu'à la Condamine. Même un petit port de ce genre est attirant. C'est la lutte entre les yachts des grands particuliers grecs et la Principauté. Le Prince, très jaloux du yacht Onassis car le sien semble gringalet à côté de celui du pétrolier, veut en faire gréer un encore plus luxueux.
Situation à l'ONU, toujours bien trouble. Hammarskjöld (sorte de Chamberlain, peut-être encore plus médiocre) est hostile à Israël. Cet idiot empêche ainsi Nasser de se livrer aux Russes, alors qu'il est évident que c'est fait depuis les débuts du pouvoir de Nasser. Il veut le retour du "statu quo" qui fut cause de la guerre.
2 février [1957]
Visite au musée Vieux, vieux musée dont le conservateur paraît plus vieux encore que le musée. Des rideaux sont fermés partout. Après avoir tout ouvert, nous y avons vu une belle aquarelle de Decamps et une fort belle tapisserie du XIII°. Et puis, dans une petite salle noire, que nous éclairons en tournant des boutons électriques difficilement trouvés, nous découvrons une série de bustes par Bosio, la plupart excellents, de personnalités du Ier Empire. Bustes, comme on en faisait encore, bien composés, d'exécution très soignée, un vrai plaisir de qualité. C'est tout.
3 février [1957]
Bonne promenade jusqu'au Beach, tout le long de la mer. Tout au bout, derrière le casino, fermé à cette époque, une sorte de château fort, haut juché sur le mont : dans lequel on doit monter par un ascenseur installé dans la roche. À qui appartient ce domaine?
Au théâtre, le fameux théâtre de Monte-Carlo, œuvre de Garnier, autant fait pour qu'on regarde [ill.] le public, [ill.] que la scène. Ballets Fokine. Plutôt médiocre. Seul un ballet sur un pot pourri musical de musique de Beethoven. Affabulation idiote. [ill.]
4 février [1957]
Lecture : La deuxième guerre mondiale par P et R. Gosset. Remarquable. C'est la folie furieuse de Hitler qui au fond nous a sauvé de l'effroyable danger où nous étions!
Avant le déjeuner, promenade jusqu'au Beach (ce nom anglais? pourquoi?). Je comprends le vieux philosophe qui, chaque jour, fait la même ballade. C'est le meilleur moyen de suivre ses idées. Et puis, chaque jour, le paysage change. Un nuage suffit.
5 février [1957]
G[abriel] O[llivier] sachant que je vais aujourd'hui à "L'Ile de France", fondation Éphrussi, me téléphone pour me parler du colonel F[rançois], le conservateur. Il paraît qu'il y a installé toute sa famille. Après tout, c'est normal puisqu'il doit y habiter. Ce qui est moins normal c'est que le directeur, un de nos confrères, y a installé ses deux maîtresses, qui sont deux sœurs, et qui passent leur temps à se chamailler en public. Pas fameux ça.
Après-midi, ballade à Menton, frontière italienne, et c'est déjà l'Italie. Visité l'église S[ain]t-Michel, assez ordinaire. Une autre église, toute rouge de briques est sympathique à cause de cette couleur, devenue séduisante avec les années. Puis nous allons aux Colombiers composés par le délicieux Ferdinand Bac. Il y vivait, entretenu par la propriétaire. Depuis la mort de l'un et de l'autre, les héritiers en ont fait une sorte de pension de famille. Tout rappelle là l'Italie. Le grand domaine en terrasses, les escaliers, de morceaux antiques encombrés, un petit temple de l'Amour et déjà la végétation.
6 fév[rier 1957]
Fini le livre des Gosset, La deuxième guerre mondiale. Remarquable. Personnages étonnamment campés : Churchill, Roosevelt, Staline, Molotov, etc. L'histoire de Yalta : quelle face! Et Hiroshima… Maintenant les fondateurs de l'ONU s'étant rendus compte que, grandes puissances, ils se livraient aux petites nations, ont créé le Conseil de sécurité dont chaque membre avait le droit de veto. À la séance actuelle, le délégué syrien a fait un discours insolent, rappelant grossièrement la défaite française de 1940. À qui Soustelle a répondu avec sang froid et très bien.
7 février [1957]
Le pétrole dans le Sahara semble une très sérieuse entreprise avec de très grandes possibilités. Ce qui explique la violence de la Tunisie et du Maroc dans leur attitude anti-française à l'ONU. Pineau riposte très bien. C'est le fond du problème. Ils voudraient tous être des Ibn Sa'aud. Ils en rêvent.
8 février [1957]
Le féerique aquarium. Méditation sur le problème de la vie. Lecomte du Noüy le résout par l'idée de "finalité". Il confond l'instinct vital avec une idée de finalité préconçue. Comprise ainsi la finalité présuppose Dieu. La finalité, comme tout dans la vie, se crée avec la vie. Peut-on dire que la vie naquit de la vie même! La vie naquit d'un milieu physico-chimique favorable. Sorte de phénomène du hasard. Il ne me parait pas possible de considérer une puissance volontaire et intelligente dans les origines de la vie. Elle s'est cherchée elle-même. L'instinct vital est à la base de tout. Le père Teilhard de Chardin a bien du mal à coordonner ses trouvailles paléolithiques avec sa foi chrétienne. Il finit par avouer : "J'y suis attaché parce que c'est la foi de mon enfance". Il n'y a pas d'autre justification.
Nous nous sommes promenés dans le vieux Monaco. Nous avons descendu la longue rampe qui aboutit au petit port. Rentrés à pieds, sans fatigue, jusqu'à l'hôtel.
9 fév[rier 1957]
Déjeuner chez G[abriel] Ollivier. Ce qui frappe, après l'impression lumineuse des grandes baies, est la grande cage des perruches. Nous parlons du musée Éphrussi Je ne crois pas tout ce qu'il a dit du colonel François. Sans doute, comme toujours, il se croit le propriétaire. Je ne crois pas qu'il soit malhonnête. Plus grave est l'attitude de l'ami J. qui a installé là ses deux maîtresses, deux sœurs qui se chamaillent dur. Du côté des personnes installées, aussi des abus, le maire de Cap-Ferrat ayant introduit là un jeune jardinier qui fait tout un trafic de plantes grasses, comme François aurait fait un trafic avec les fragments de vieilles sculptures collectionnées par Madame Éphrussi.
À propos du mariage des princes, le père Tucker prétend que Rainier a sacrifié son amour à la question dynastique. Il parait que la Principauté, malgré le jeu, était en déficit de 18 milliards, dont la France aurait renfloué la Banque d'État.
Promenade jusqu'à Eze. L'étonnant jardin exotique, fait uniquement de plantes grasses devenues monstrueuses. Plantes toutes en épines menaçantes. Elles défendent leur eau. Elles grimpent ou dévalent le long des rochers qui constituent le sommet du village. Dans ce village vit un peintre appelé Michel-Marie Curzon qui, autour de la trentaine, se transforma soudainement en femme. Sa peinture n'est pas mauvaise.
10 février [1957]
Depuis dix jours aucune gêne. Un peu aujourd'hui, mais pas longtemps.
Au théâtre, Faust avec Depraz, excellent Mephisto. Je n'aime pas Geneviève Moisant, voix aux sonorités inexplicables, cuivre ou zinc.
Aff[aire] d'Algérie toujours dans le cirage. Quelle action peut-on avoir sur des tueurs agissant en toute indépendance!
11 fév[rier 1957]
Lecture : Et la pluie pour ma soif, par Han Suyin. Très bien.
12 fév[rier 1957]
La situation ou plutôt la position de la France à l'ONU s'améliore. D'autre part l'imbécile Ham[marskjöld] devient plus compréhensif de la situation d'Israël.
13 février [1957] Monte-Carlo
Musée de l'Ile de France au Cap-Ferrat. Avec M. Perret, un ami de G[abriel] Ollivier. Parc magnifique. Le bâtiment, genre italien, construit autour de 1900-1910. Madame Éphrussi changeait continuellement d'architecte et couchait successivement avec chacun. Alors, on démolissait ce qu'avait fait le prédécesseur. Il y a là une remarquable collection de toiles françaises et italiennes. J'y vois des Monet, Guirand de Scévola, Constantin Guys. Pourquoi diable! Guirand de Scévola n'a-t-il plus aucune cote? Il avait autant de talent que des Derain, Vlaminck, etc. Très beaux tapis persans, chinois et Aubusson. Une salle chinoise pleine de bronzes étonnants, mais surtout un paravent Coromandel, (monumental).
En revenant, nous passons par Villefranche et nous passons par la chapelle que Cocteau décore. C'est mal fichu, parce qu'il ne sait rien. Mais c'est intelligent, presque rusé, et d'une tonalité camaïeu grise assez heureuse. C'est en tout cas mieux que l'imbécile chapelle de Vence.
Nous sommes mercredi, sans doute qu'Yves Brayer sera élu.
Politique : nouvelle proposition de désarmement des Russes. Truc pour se débarrasser des bases américaines en Europe. Désarmement sans contrôle, bien sûr. Égypte semble accepter la liberté de navigation pour Israël, dans le golfe d'Akaba.
14 février [1957]
Déjeuner à Monte-Carlo, invités par Ollivier. Vue merveilleuse comme partout dans la Méditerranée. Dans le hall de l'hôtel, une affiche de J[ean]-G[abriel] Domergue. Il paraît qu'un client de l'hôtel a acheté une épreuve de cette affiche (femme nue à la Domergue) et couche avec. Après un repas sensationnel en hors d'œuvres, visite de San Remo. Charmante petite ville méditerranéenne où il n'y a rien de sensationnel.
Brayer a été élu à l'Ac[adémie] des B[eaux]-Arts : 24 voix contre 17.
15 fév[rier 1957]
Je relis avec grand intérêt, L'aliénation poétique. Étude particulière sur Mallarmé et Proust. Auteur : Dr Fretot.
Politique. Il semble que le président Eis[enhower] et que Ham[marskjöld] soutiennent plus équitablement Israël. Par contre la Russie est de plus en plus hostile. Je suis inquiet. La position de la France semble se préciser, à son avantage, à l'ONU.
Domergue m'écrit que Leroux vient d'avoir une attaque. Il serait perdu!
16 fév[rier 1957]
Paul Léon s'est fait élire président du conseil des musées nationaux! Un des premiers actes de P[aul] Léon a été de se rendre lâchement à Vallauris présenter ses hommages à Picasso! Il parait que celui-ci ne dérage pas de la réclame faite à B[ernard] Buffet. De même pour la chapelle de Cocteau à Villefranche. Celle-ci est meilleure que celle de Vence.
17 fév[rier 1957]
Comment on bâtit les cathédrales, de Daniel Rops. Ouvrage de compilation, comme tous ces ouvrages des littérateurs ou historiens lorsqu'ils écrivent sur les b[eau]x-arts. Superficiel, et même de l'ignorance, notamment concernant l'enseignement au Moyen Âge, semble ignorer le rôle des chantiers et des corporations.
17 février [1957]
Au théâtre de Monte-Carlo, ce fameux théâtre considéré alors comme chef-d'œuvre. Composé plus pour mettre en valeur le spectateur que le spectacle. Une troupe italienne y donnait Le barbier de Séville. Troupe excellente. D'un entrain endiablé.
]Téléph[one} avec Boulogne où tout va bien.
18 [février 1957]
L'aliénation poétique, le docteur Fretet, fait une analyse remarquable de Mallarmé, réellement un demi-fou. Je continue à aimer ses premières poésies, Les Fenêtres, Apparition, Les fleurs. Mais déjà [ill.] inquiète. Comment un médecin a-t-il consacré tant de son temps au panégyrique d'une œuvre qui aboutit à Igitur. Valéry époustouflé par ce vide!
Travaillé aux dernières scènes (proposition) du dernier acte du nouvel opéra de Marcel[1]. L'idée de suicide est mauvaise et banale à mon sens. Que la vie soit dramatique, d'accord. Mais un artiste jeune, malgré les difficultés qu'il rencontre, ne se suicide pas! Son œuvre à faire l'oblige à continuer à vivre et à créer.
Dîner avec M. et Mme Girardeau. Bavardage assaisonné d'un peu de médisance. Ils sont tous les deux cardiaques. Mais n'en sont pas moins assez gourmets, comme moi-même.
En politique, l'Amérique ne parait pas vouloir donner des garanties à Israël. Israël reste énergique.
19 février [1957]
Rimbaud, étudié à son tour, n'est - poétiquement parlant - pas moins sympathique que Mallarmé. Mais il a vécu poétiquement par l'aventure de sa vie. C'est une sorte de Byron et tous deux sont des hommes qui sentent plus la poésie de la vie et de l'action que Mallarmé qui s'hypnotisait sur des mots et la poésie de la fabrication, comme aussi Valéry.
Au musée Éphrussi. Jardin magnifique, 7 hectares. Un jardin japonais mal entretenu est bien émouvant. Un type est le conservateur, colonel François très scrogneugneu, compliqué d'un combinard à ristournes. Sa conversation n'est qu'une série de plaintes, alternant avec des vantardises. On se promène au milieu de parterres à la française et des restes de forêt de pins avec des échappées de vue sur la Méditerranée qui nous appelle.
Retour par La Turbie. Le Trophée dit d'Auguste est restauré dans la mesure du possible. Mais presque toutes les maisons du village sont construites avec les pierres arrachées au Trophée qui servait de carrière. C'est à la Turbie que j'ai eu l'inspiration du monument d'Alger[2], une nuit d'hiver, dans un hôtel dont je me rappelle plus le nom.
20 fé[vrier 1957]
À la mairie de Nice. Visite à M. Médecin, maire et député. En attendant d'être reçus, nous remarquons Lily[3] et moi, l'intéressante décoration du vestibule. Ce sont de grandes toiles énergiques, œuvre de Lengrand[4] qui était pensionnaire à Rome lorsque j'étais directeur de la Villa. M. Médecin, bel homme, nous reçoit très courtoisement. Pour placer le groupe (Jeunes filles jouant avec des gazelles[5]), il faudra attendre qu'un palais des expositions en cours soit achevé.
En quittant la mairie, nous essayons de visiter une exposition Toulouse-Lautrec, mais ce n'est visible que l'après-midi. Rien à faire pour corrompre qui que ce soit.
Après-midi visite à Gabriel Ollivier. A horreur du colonel François. Celui-ci s'est mis en travers de tous les projets de Ollivier pour mettre en valeur le musée de l'Ile de France (la fondation Éphrussi).
Politique : très mauvaise déclaration d'Ibn Sa'aud sur le Sahara. Il revendique la Mauritanie pour le Maroc. Arrière fond : le pétrole du Sahara.
Lettre de Marcel[6] : on va vers un ministère Pleven.
21 fév[rier 1957]
Ne pas se laisser aller au regret des actes manqués (Trocadéro[7] : personnellement, Académie : le vote des membres libres). Même à 82 ans, voguer vers l'avenir. Bien de guérir et travailler. Sculpture, peinture - dessiner, écrire.
Avec Mme Bonnefous, nous visitons le yacht de l'armateur pétrolier Onassis. Son yacht est sa demeure. Quel luxe! Et de très bon goût. Le yacht comporte une piscine dans le fond et une mosaïque grecque. Rien n'est ordinaire, ni les poignées des portes de cabine qui sont faites avec des os de baleine, comme les pieds des sièges. Nous sommes accompagnés par une sorte d'officier de marine, très stylé. Le bureau du patron est particulièrement riche. Comme œuvres d'art, peinture ou sculpture, rien de sensationnel. Non loin du yacht Onassis se trouve celui du prince Rainier. Le Prince ne peut supporter ce concurrent magnifique. Alors il s'est, parait-il, commandé un autre yacht, plus grand, et qui sera plus somptueux. Propos du chauffeur. Mais le prince R[ainier] aurait bien dû empêcher de construire dans ce joli port de la Condamine, une monumentale boite d'allumettes, haute de je ne sais combien d'étages et qui déshonore cette charmante petite baie.
Mais plus sensationnel que le yacht Onassis, homme de goût, est le jardin exotique. Impression extraordinaire. Plantes énormes où tout est défense : épines pointues, venin. On n'a pas beaucoup d'eau. Mais celle qui, en sève, coule derrière les écorces grasses, malheur à qui cherche à en boire une goutte. Autrement, ce jardin fantastique fait penser aux musées préhistoriques où tout n'est que mâchoires et dents aiguisées.
Les journaux annoncent la pose de la première pierre d'un musée Fernand Léger! Picasso simultanément est élu citoyen d'honneur d'Antibes. Il est vrai qu'il a fait beaucoup de bien à cette ville. Georges Salles est venu, sans doute aux frais de l'État, présider à cette cérémonie.
Politique : Affaire d'Israël toujours en suspens. L'Égypte se refuse à tout geste pacificateur.
22 février [1957]
Travaillé toujours aux scènes finales que je veux soumettre à mon petit Marcel[8].
À déjeuner, nous avons M. et Mme Vannucci. Conversation sur le Vatican et la maladie du Pape. Un médecin suisse fameux, sous l'influence d'une certaine "sœur" lui croyant un ulcère, le faisait mourir littéralement de faim. La certaine "sœur" fut éloignée, avec ses théories de jeûne. Un médecin italien le fit manger. Il guérit. Il est actuellement en pleine activité. Au sujet du pétrole : fonds solides mais objet d'une grosse spéculation. La Royal D. est la plus solide affaire du monde. Pour Suez, les actionnaires s'y retrouvent. Ainsi parla M. V[annucci].
Politique : à l'ONU c'est le moment crucial. Anxiété d'Eisenhower, Eden retombe malade (j'espère qu'il ne va pas faire comme le pauvre Leroux, parti d'une attaque, conséquence de la bile qu'il s'est faite pour l'affaire des membres libres). Algérie : incapacité de trouver une solution. Et la France entretient là-bas une armée de 500 000 hommes. Mais! La bombe à hydrogène est au point, dont personne n'ose se servir.
23 février [1957]
Après Mallarmé et Rimbaud, voici Proust, de beaucoup le moins sympathique du trio. Celui-là n'est qu'un vicieux, un sale petit bourgeois.
Politique : grave situation intérieure en France. Grèves. Très bon article de Mendès-France dans le Monde sur ces questions essentielles. Vers quelle aventure allons-nous! Très bon interview de Bevan dans l'Express.
24 fév[rier 1957]
Le dernier acte de la pièce de Marcel, qui pourrait s'appeler, les [ill.] au bonheur, pour la joie unique de sa création. Michel-Ange et Delacroix sont les seuls qui [ont] réalisé cette vie totale. Wagner a été un veinard de rencontrer le prince de Bavière et la fille de Liszt. Mais sans ces rencontres, il se serait réalisé, solitaire.
À l'opéra de M[onte]-C[arlo] : Manon Lescault de Puccini. Excellents acteurs. Une inconnue remarquable qui s'appelle Clara Petulla. Excellente actrice aussi, et belle. Le caporal [ill.] s'appelle Argo Quatri.
Politique : Le Caire fait insolemment savoir que les expéditions feddayin continuent. Pourparlers difficiles entre Israël et Eisenhower. Eisenhower se trompe. Pourquoi tant ménager le Caire?
Redescendu à pieds jusqu'à l'hôtel. J'ai bêtement laissé deux ou trois paires de lunettes à Boulogne. Le soleil, pour peu que je m'en garde, m'est très pénible aux yeux.
25 fév[rier 1957]
Situation de plus en plus inquiétante. La Russie arme l'Égypte. Je suis persuadé que l'Égypte attaquera Israël. Nasser veut un succès militaire. Eisenhower se conduit stupidement. L'aff[aire] de Suez a été une stupidité suffisante. Les Arabes sont devenus les maîtres des lignes du Moyen-Orient.
[1] Marcel Landowski.
[2] Le Pavois.
[3] Amélie Landowski.
[4] Jules Henri Lengrand.
[5] Femmes aux gazelles.
[6] Marcel Landowski.
[7] A la Gloire des armées françaises.
[8] Marcel Landowski.